
Nul ne l'associait aux turpitudes ordinaires de la vie publique ou aux rivalités vénéneuses des cercles d'influence : il était, selon la belle expression populaire, " un type bien ", c'est-à-dire un homme foncièrement bon, dont l'existence s'écoulait dans le respect des autres et l'amour des siens.
Aujourd'hui, alors que le silence du deuil se mêle à la clameur de l'indignation, le combat pour que justice lui soit enfin rendue renaît sous l'égide de la voix grave et résolue de Maître Maingain, qui incarne désormais, dans cette lutte mémorielle et judiciaire, la promesse d'une vérité que plus rien ne pourra taire.
Par la voix empreinte de solennité de Maître Maingain, éminent avocat au barreau de Bruxelles, le dossier de l'assassinat de feu Simba Ngezayo revient au-devant de la scène judiciaire, à l'occasion d'un procès en appel que les parties civiles dénoncent déjà comme une mascarade destinée à garantir l'impunité des auteurs et des complices de ce crime odieux.
Le 3 novembre 2020, à Goma, Simba Ngezayo tombait sous les balles d'un commando anonyme, victime d'un assassinat aussi lâche que prémédité. Cet acte de barbarie faisait écho à l'assassinat, dans des circonstances analogues, de son oncle, Albert Ngezayo, le 13 mars 2008.
Deux crimes, deux vies brisées, une même trame : celle d'un tissu mafieux enraciné dans les structures mêmes de l'État, dans une région gangrenée par une corruption endémique et traversée par une haine virulente à l'endroit des personnes liées, de près ou de loin, à la communauté tutsi.
À l'époque des faits, des engagements fermes furent pris par les autorités politiques et judiciaires, tant nationales qu'internationales, en vue de démanteler les cercles mafieux actifs à Goma et de traduire devant la justice les véritables instigateurs de ces crimes. Une équipe d'enquêteurs, animée d'un zèle remarquable, entama alors un travail rigoureux, exposant peu à peu les ramifications obscures d'un réseau de prédation et d'intimidation opérant en toute impunité dans le Nord-Kivu.
Pourtant, les soutiens promis par la communauté internationale, notamment par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC et le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, ne se matérialisèrent jamais. La communauté internationale, en dépit de ses protestations de principe, laissa ce dossier emblématique sombrer dans l'indifférence et l'abandon.
Pire encore, l'enquête fut progressivement sabotée de l'intérieur, entravée par les forces mêmes qu'elle cherchait à mettre au jour. Cette obstruction systématique culmina dans l'arrestation suspecte du Général Baseleba, officier supérieur rigoureux et Auditeur militaire principal chargé du dossier, brusquement écarté au profit du Colonel Lumbaya, parachuté à la tête de l'enquête sans disposer ni des compétences requises, ni d'un accès complet au dossier.
Cette rupture brutale dans la chaîne d'instruction coïncida avec l'ascension politique de l'ancien gouverneur du Nord-Kivu, monsieur Julien Paluku Kahongya, notoirement connu pour sa bienveillance à l'égard de ces réseaux mafieux dont il fut, selon plusieurs témoignages, le protecteur zélé, voire l'architecte officieux.
Dès lors, le procès de première instance ne fut qu'un simulacre de justice, sacrifiant quelques exécutants subalternes pour mieux absoudre les véritables commanditaires. Les parties civiles, lucides face à l'impasse judiciaire dans laquelle ce dossier semble voué à s'enliser, ne nourrissent guère d'illusions quant au verdict attendu en appel.
Elles refusent cependant de se résigner à cette parodie procédurale et réaffirment leur volonté inébranlable d'obtenir la réouverture complète de l'instruction, menée par des magistrats intègres, insensibles aux pressions politiques, et siégeant à Goma, lieu même où ces crimes ont été commis et où la vérité doit éclater.
Ce combat pour la justice exige, en outre, que les réseaux criminels qui ont sévi dans le Nord-Kivu sous les gouvernorats successifs, notamment celui de Monsieur Julien Paluku et de ses affidés, soient démantelés jusqu'à la racine, et que tous leurs membres, quels que soient leur rang ou leur influence, soient traduits en justice conformément aux exigences de l'État de droit.
La famille Ngezayo Prigogine, liée par des attaches étroites à la Belgique et au continent européen, en appelle solennellement au soutien actif des autorités belges, afin qu'elles jouent un rôle décisif dans l'établissement de la vérité et la restauration de la justice, tant pour l'assassinat d'Albert Prigogine que pour celui de Simba Ngezayo.
Enfin, elle exhorte la Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU en République Démocratique du Congo, ainsi que le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, à honorer l'engagement qu'ils ont pris en 2020 : celui de ne point abandonner ce dossier jusqu'à ce qu'une justice authentique, impartiale et incorruptible soit rendue.
Car une société qui s'accommode de l'impunité abdique, en réalité, les fondements mêmes de sa vocation humaine. Elle trahit le pacte moral sur lequel repose toute civilisation véritable : celui de la justice, de la responsabilité et du respect intangible de la dignité humaine.
En fermant les yeux sur le crime, elle ne fait pas seulement le choix du silence, elle consacre l'inacceptable, érige le mensonge en norme, et transforme la souffrance des innocents en bruit de fond d'un ordre perverti. L'impunité n'est jamais une simple défaillance de l'appareil judiciaire : elle est une corruption de l'âme collective, une abdication de la conscience, une blessure infligée à l'idée même d'humanité.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Reouverture-du-dossier-de-l-assassinat-de-Simba-Ngezayo.html