C'est dans ce registre d'incrédulité que se situe la tragique actualité de Christian Ndaywel, jadis tortionnaire impitoyable du régime et aujourd'hui captif de ses propres failles. Tombé en disgrâce, l'homme, qui semblait invulnérable dans sa maîtrise des secrets et des compromissions, aurait tenté de mettre fin à ses jours, comme si le poids de sa propre chute eût été plus insoutenable que la prison elle-même.
Ndaywel, connu pour ses extorsions, ses abus et son rôle dans les basses œuvres du pouvoir, se trouve désormais face au miroir cruel de son impuissance. Le dévoilement de sextapes compromettantes, trouvées dans son téléphone, aurait précipité ce geste désespéré, une tentative de fuir l'opprobre et le déshonneur.
Ironie du destin : ce même geste, né de la honte et de la blessure narcissique, pourrait paradoxalement lui ouvrir la voie d'une clémence calculée, souvenir macabre des services qu'il rendit jadis au régime qu'il servit avec zèle.
L'homme qui était l'ombre et le dépositaire des secrets inavouables de la sphère dirigeante se trouve aujourd'hui consumé par sa propre chute. Ses manipulations, ses intimidations, toutes les ruses et complicités qu'il sut tisser pour dominer et effrayer, se retournent contre lui. La disgrâce, lorsqu'elle frappe un narcissique de cette envergure, devient inexorable : le pouvoir qu'il croyait immortel s'évanouit, ne laissant que l'abîme de sa vanité.
Ainsi, Ndaywel, Narcisse de la République, contemple pour la dernière fois le reflet déformé de son prestige perdu. Sa tentative de suicide est plus qu'un geste désespéré : elle est la métaphore de la fragilité du pouvoir humain, de la précarité de ceux qui, croyant tout contrôler, se retrouvent face à l'irreprésentable réalité de leur chute.
Dans cette dérive tragique se dessine la leçon éternelle : la vanité, lorsqu'elle est nourrie par l'impunité et la cruauté, ne conduit jamais qu'à l'effondrement de soi, et parfois, à la confrontation ultime avec le néant.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/General-Ndaywel-ou-Narcisse-au-bord-du-gouffre.html
