Les liaisons périlleuses du clan Tshisekedi avec les cartels du cobalt #rwanda #RwOT

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Katanga, au cœur des ténèbres métalliques

Dans les plaines brûlées du Lualaba et du Haut-Katanga, où la poussière rouge du cuivre se mêle à celle du cobalt, l'État congolais semble perdu dans un labyrinthe d'intérêts croisés.

À Menda Central, à proximité de la mythique mine d'uranium de Shinkolobwe, les soldats de la Garde républicaine (GR) montent la garde à l'entrée d'un site officiellement fermé celui de Boss Mining, filiale d'Eurasian Resources Group (ERG).

Une présence militaire d'autant plus troublante que la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (CNLFM) et plusieurs officiers des FARDC ont vu leur accès refusé, en dépit de missions de contrôle dûment mandatées.

Les témoins parlent d'un territoire verrouillé, où la loi de la République cède la place à celle des armes et des complicités occultes.

Un empire souterrain de plusieurs milliards

Depuis 2022, l'exploitation illégale du cuivre et du cobalt s'est étendue à une échelle quasi industrielle. Selon plusieurs sources reprises par Mining Weekly et Africa Intelligence, les pertes pour ERG seraient évaluées à près de 150 millions de dollars par mois, soit près de deux milliards de dollars par an.

Une manne colossale, drainée par un entrelacs de réseaux militaires, politiques et commerciaux, dont certains prolongements remonteraient jusqu'au cercle présidentiel.

Le cœur du système s'articulerait autour d'un groupe qualifié par les enquêteurs de " cartel libanais ", dominé par Bassel et Wissam Saad, épaulés par Ismaël al-Farahn.

Leur terrain de prédilection : la concession de Kalukundi (PE 591 de Swanmines), d'où s'écouleraient quotidiennement trois millions de dollars de minerais extraits hors de tout contrôle. Les FARDC, la police du Lualaba et même certaines milices locales, telles Junafec, assureraient, selon ces sources, la 'sécurisation' du trafic.

Dans l'ombre, le groupe Congo Futur, longtemps connu pour ses activités agroalimentaires, apparaît désormais cité dans plusieurs rapports pour ses ramifications financières au sein de cette économie parallèle. Ses dirigeants, Ahmed Tajideen et Rachid el-Chaer, nient toute implication.

Un pouvoir cerné par les paradoxes

L'affaire embarrasse le sommet de l'État. En septembre 2025, le président Félix Tshisekedi s'est rendu à Astana, au Kazakhstan, pour renouer le dialogue avec les dirigeants d'ERG, partenaire stratégique mais de plus en plus méfiant.

Sous la médiation de la Gécamines, un accord a été signé pour clarifier le régime de propriété du permis PE 591, symbole des tensions entre légalité et prédation.

Mais, dans le même temps, Kinshasa suspendait plusieurs sous-traitants d'ERG, invoquant le non-respect de la loi sur la sous-traitance texte exigeant une participation majoritairement congolaise dans toute entreprise opérant sur le sol national.

Derrière ces décisions apparemment contradictoires, les observateurs voient poindre une lutte d'influence entre fractions du pouvoir, chacune cherchant à consolider son contrôle sur la ressource la plus convoitée du monde : le cobalt.

Le cobalt, miroir des vanités politiques

Symbole du 'nouveau Congo' vanté par les chancelleries occidentales, le cobalt devait être la clé d'une prospérité nationale. Il est devenu, au contraire, le révélateur d'un système de prédation politique.

Les minerais stratégiques congolais, au lieu de financer la reconstruction, alimentent des fortunes opaques et des clientélismes régionaux.

Les ONG internationales soulignent qu'en dépit des discours de réforme, la transparence reste une fiction : aucune des grandes enquêtes sur la fraude minière n'a débouché sur des poursuites effectives.

Les rares fonctionnaires zélés, à l'image de certains inspecteurs de la CNLFM, ont été écartés ou menacés.

Le contraste est cruel : tandis que les convois de camions miniers traversent les routes flambant neuves de Kolwezi, les écoles et les hôpitaux publics du Katanga s'effondrent dans l'oubli.

Entre refondation et impunité

La visite d'État au Kazakhstan, tout comme la récente réactivation de la Gécamines dans la supervision des concessions, laisse entrevoir une volonté de redressement. Mais la question demeure : peut-on moraliser un secteur dont la corruption structurelle garantit la survie du pouvoir lui-même ?

Les diplomates occidentaux observent, inquiets, ce double langage : d'un côté, un président qui plaide pour la transparence devant les institutions internationales ; de l'autre, un entourage dont certains membres sont cités dans des dossiers de collusion avec les exploitants illégaux.

À Kinshasa, certains parlent d'une 'économie de cour', d'autres d'un 'État parallèle' enraciné dans les provinces minières.

Une souveraineté sous surveillance

Dans un monde en pleine transition énergétique, le cobalt est devenu une ressource stratégique comparable au pétrole du XXᵉ siècle.

Le Congo, qui en détient plus de 60 % des réserves mondiales, se retrouve au centre d'une rivalité mondiale où se mêlent diplomatie, renseignement et intérêts industriels.

Mais au-delà du cobalt, c'est une question de souveraineté qui se joue : celle d'un État capable ou non de reprendre la maîtrise de son sous-sol et de son destin.

Les 'liaisons dangereuses' du clan Tshisekedi avec les cartels du cobalt ne relèvent pas seulement de l'économie clandestine : elles interrogent la nature même du pouvoir congolais, sa capacité à s'extraire des logiques de rente et de clientélisme.

Dans un pays où l'abondance des richesses contraste avec la misère des citoyens, la vérité sur le cobalt n'est pas qu'une question de chiffres : elle est devenue le test moral d'une République.

Fifi Masuka, gouverneure du Lualaba

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Les-liaisons-perilleuses-du-clan-Tshisekedi-avec-les-cartels-du-cobalt.html

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