Après deux mois de débats intenses, les jurés avaient écarté en juillet les accusations les plus graves de trafic sexuel et d'association de malfaiteurs, qui auraient pu lui valoir la prison à perpétuité. Toutefois, l'artiste de 55 ans a été reconnu coupable d'avoir organisé le déplacement de plusieurs femmes dans le cadre d'activités sexuelles forcées, un crime passible de vingt ans d'emprisonnement.
Le juge Arun Subramanian, qui présidait les audiences, a insisté sur la gravité des faits. " Ce sont des infractions graves qui ont causé un tort irréparable à deux femmes et dont les effets se font encore sentir aujourd'hui ", a-t-il déclaré, ajoutant que le tribunal n'avait pas la certitude que P. Diddy ne récidiverait pas une fois libéré.
Des victimes toujours traumatisées
Parmi les victimes figurent la chanteuse Cassie Ventura, ancienne compagne de P. Diddy, et une autre femme identifiée sous le pseudonyme de Jane. Toutes deux ont décrit, à la barre, un climat de peur et d'humiliation. Cassie a affirmé dans une lettre lue au tribunal qu'elle souffrait encore de cauchemars et de flashbacks, et qu'elle avait dû quitter New York par crainte de représailles.
Le procès a révélé des pratiques sordides, les " freak-offs " ou " hotel nights ", au cours desquelles P. Diddy aurait forcé ses partenaires à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués, pendant qu'il observait ou filmait. Des vidéos et images de caméras de surveillance ont confirmé certains de ces faits, notamment une scène à Los Angeles où l'artiste traîne Cassie au sol avant de la frapper.
Excuses et effondrement d'une icône
À l'audience, P. Diddy est apparu vieilli, la barbe et les cheveux blanchis, visiblement ébranlé. Dans une déclaration empreinte de remords, il a reconnu avoir eu un comportement " répugnant, honteux et maladif ". Il a expliqué s'être " perdu dans la drogue et l'excès ", avant de présenter ses excuses à ses victimes.
Ses avocats ont tenté d'obtenir la clémence du tribunal en soulignant son engagement philanthropique et sa carrière exemplaire dans l'industrie musicale. Ils avaient demandé une peine maximale de 14 mois, arguant que leur client avait déjà passé un an en détention. Mais le parquet, évoquant l'absence de repentir et la gravité des traumatismes infligés, avait requis au moins 11 ans de prison.
Une demande de grâce présidentielle improbable
La défense a indiqué vouloir solliciter une grâce présidentielle auprès de Donald Trump, aujourd'hui revenu à la Maison-Blanche. Mais cette hypothèse semble peu réaliste : le président avait déclaré en août qu'il n'envisageait pas d'intervenir, qualifiant Sean Combs de " personne très malveillante ".
P. Diddy, qui fut l'un des producteurs les plus influents du rap américain, ayant notamment lancé The Notorious B.I.G. dans les années 1990, voit ainsi s'effondrer un empire bâti sur la musique, la mode et les affaires.
Déjà incarcéré depuis un an, il devrait être libéré d'ici trois ans, sauf décision contraire de la justice. Cette condamnation met un terme à une affaire qui restera comme l'une des plus retentissantes du monde du divertissement américain.
IGIHE
