
Un rôle controversé en 1994
Au lendemain de l'assassinat de dix Casques bleus belges le 7 avril 1994, Johan Swinnen plaide avec insistance pour le retrait des troupes belges du Rwanda. Ce choix, validé par les autorités, accélère le démantèlement de la MINUAR, mission onusienne dont la présence constituait pourtant le dernier rempart face à la machine génocidaire. Les rapporteurs de l'OUA qualifieront plus tard cette décision de " moment de honte pour la Belgique ", estimant qu'elle équivalait à une " sentence de mort pour d'innombrables Tutsi ".
L'attentat du 6 avril et les manipulations judiciaires
Swinnen persiste à contester les conclusions de l'enquête des juges Nathalie Poux et Marc Trévidic, qui désignent clairement la garde présidentielle comme responsable de l'attentat contre l'avion de Juvénal Habyarimana. Il se garde pourtant de produire la moindre preuve pour étayer ses doutes, se retranchant derrière une posture idéologique plus que factuelle.
Réécriture de l'histoire et nostalgie d'un régime ségrégationniste
Deux décennies après le génocide, l'ancien diplomate n'hésite pas à présenter le Rwanda d'avant 1994 comme un " modèle en matière de droits humains ". Une vision édulcorée qui occulte la réalité d'un régime autoritaire, à parti unique, qui institutionnalisait la ségrégation ethnique et préparait activement le génocide. Cette nostalgie d'un prétendu " âge d'or " s'inscrit dans une logique de révisionnisme visant à minimiser la responsabilité des autorités de l'époque et à délégitimer le Rwanda d'aujourd'hui.
Le refus de repentance et la dérive négationniste
Swinnen a toujours exprimé son hostilité au discours de repentance tenu à Kigali en avril 2000 par le Premier ministre belge Guy Verhofstadt. Depuis, ses interventions publiques révèlent un glissement de plus en plus marqué vers le négationnisme. Il préfère parler de " génocide rwandais ", formule fallacieuse qui occulte la cible des massacres : les Tutsi. Ses propos lors du procès de Sosthène Munyemana ou son soutien à Charles Onana, condamné pour négationnisme, confirment ce virage assumé.
Une crédibilité en lambeaux
En multipliant mensonges, approximations et contradictions, Johan Swinnen s'est isolé dans le camp restreint des révisionnistes. Sa défense obstinée d'un récit falsifié, présentée comme une recherche de vérité, relève davantage d'un refus de reconnaître ses propres échecs que d'un réel travail historique.
Conclusion
Que des journaux continuent en 2025 à lui offrir une tribune interroge. Car loin d'apporter des éléments nouveaux, Johan Swinnen recycle les mêmes thèses négationnistes. Sa posture traduit une jalousie à peine voilée envers un Rwanda qui, trois décennies après le génocide, a su se reconstruire et progresser là où lui, diplomate, a échoué.

Jean-Pierre Peeters
Source : https://fr.igihe.com/Johan-Swinnen-de-l-echec-diplomatique-au-revisionnisme-assume.html