
Il y a à peine douze minutes, des avions de chasse Sukhoï ont bombardé des villages de Minembwe, une région où, je tiens à le rappeler, il n'existe ni ligne de front ni affrontements. Aucun soldat des FARDC n'y est déployé, aucun élément Mai-Mai n'y est présent. Seule y réside une population civile, composée en majorité de Banyamulenge.
Parmi les sites ciblés figure la piste d'atterrissage de Minembwe, exclusivement dédiée aux usages commerciaux et humanitaires dans cette région d'un isolement extrême, où toutes les autres voies d'accès sont obstruées par les FARDC et les groupes armés. Aucun Munyamulenge ne peut se rendre à Baraka, à Fizi, à Uvira, et encore moins à Mwenga. Cette piste constituait l'unique moyen d'évacuation des malades, de livraison des médicaments et d'acheminement des denrées essentielles. Or, elle vient d'être endommagée par un appareil appartenant au gouvernement de mon propre pays.
Je souhaiterais savoir, Monsieur le Président de la République, si vous avez pleinement conscience de ce sinistre dessein ou si d'autres l'exécutent à votre insu. Quoi qu'il en soit, quel est l'objectif de ces bombardements répétés et sélectifs, qui frappent exclusivement les villages banyamulenge ? S'agit-il là d'un État qui entreprend d'exterminer une partie de sa propre population ?
Monsieur le Président, retrouvez la raison, de peur que l'histoire ne vous place irrémédiablement du mauvais côté. J'élève ma voix pour dénoncer et condamner cette situation.
À l'attention du Gouvernement de la République, des autres institutions, en particulier du Parlement, ainsi qu'à la communauté internationale : votre silence ne vous trouble-t-il point ?
Moi, Moïse Nyarugabo.

IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/Maitre-Moise-Nyarugabo-interpelle-Tshisekedi-sur-le-calvaire-de-Minembwe.html