
Imaginez un enfant dans un village riche en cobalt, pieds nus et empli d'espoir, fouillant la terre à la recherche de quelques fragments de minerai destinés à alimenter les smartphones du monde entier, tandis que le Canada, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Belgique, et désormais la Chine, s'enrichissent du labeur congolais.
En 2024, la Banque mondiale estime que 73,5 % des Congolais survivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Ce n'est point une faillite de l'âme, mais l'héritage de promesses trahies : la brutalité coloniale belge a gravé des stigmates indélébiles, suivie par les mains insidieuses du néocolonialisme lorsque les puissances occidentales, dans les années 1960, éteignirent le rêve de souveraineté de Patrice Lumumba et soutinrent Mobutu Sese Seko, dont les trente-deux années de règne vampirisèrent des milliards, laissant les écoles en ruines et les routes à l'abandon.
À l'Est du pays, guerres et instabilité ont conduit au déplacement de sept millions de personnes, selon les Nations unies. Les groupes armés s'arrachent les gisements miniers, occasionnant chaque année la contrebande d'or pour une perte estimée à un milliard de dollars, selon Global Witness.
Les multinationales occidentales engrangent les bénéfices, tandis que les mineurs locaux, parmi lesquels 40 000 enfants, s'épuisent dans des conditions périlleuses.
Le monde accuse les Congolais, mais l'Histoire murmure le nom de coupables plus anciens : la corruption, la RDC se classe 162e sur 180 dans l'Indice de perception de la corruption 2023 de Transparency International, et une exploitation systématique qui étranglent tout espoir.
Aujourd'hui encore, leur président brade le pays au plus offrant, cédant ses minerais et ses infrastructures portuaires aux puissances étrangères en échange d'une assistance militaire ou d'une faveur éphémère. Tel est le drame de l'âme congolaise : voir son héritage se monnayer tandis que le reste du monde détourne le regard.
Et pourtant la pauvreté n'est pas une fatalité, mais une entrave forgée par la cupidité. Pour comprendre la RDC, il faut scruter les rouages d'un système oppressif, et non accabler les âmes qu'il enchaîne encore.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/La-misere-cotoie-la-richesse-en-RDC.html