
L'ambassadrice du Rwanda en Suède, Dr. Diane Gashumba, souligne que le M23 se bat pour la survie des familles congolaises rwandophones, qui vivaient paisiblement sur le territoire rwandais avant la Conférence de Berlin de 1884, laquelle a redéfini arbitrairement les frontières. Ces familles, intégrées de force dans le Congo belge, puis le Zaïre et aujourd'hui la RDC, n'ont jamais été pleinement acceptées. Depuis les années 1960, elles subissent persécutions, massacres, incendies criminels et même des actes de cannibalisme sous le regard passif de la communauté internationale.
L'analyse des violences en RDC ne peut être réduite à des événements postérieurs à 1990. Les atrocités contre les Rwandophones congolais ont commencé bien avant. L'influence du régime français sous François Mitterrand, qui a appuyé les génocidaires Interahamwe, ainsi que le rôle de l'armée française dans la création d'un corridor permettant aux génocidaires de se réfugier en RDC, doivent être pris en compte. Cette présence a renforcé la menace des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé qui continue de constituer un danger permanent pour la région depuis 1996.
L'armée congolaise, présentée comme une force régulière, opère en réalité en collaboration avec plus de 200 milices à travers le pays, soutenue par des mercenaires européens. Des images récentes sur les réseaux sociaux ont montré ces combattants arborant des bérets de la MONUSCO censée garantir la paix en RDC depuis 25 ans.
L'accusation selon laquelle le M23 aurait capturé Goma et Bukavu est inexacte. Ce mouvement opère sur son propre territoire ancestral, luttant pour obtenir des droits fondamentaux. La solution à ce conflit repose entre les mains du président congolais, Félix Tshisekedi, qui détient la clé d'une résolution pacifique. Les sanctions internationales régulièrement imposées ne résoudront pas la crise ; elles ne font que servir des intérêts économiques, raciaux et politiques extérieurs. Ces mesures sont souvent encouragées par ceux qui exploitent les richesses minières de la RDC, et par des factions nourrissant encore aujourd'hui une idéologie génocidaire.
Le Rwanda, qui accueille depuis plus de 20 ans près de 150 000 réfugiés congolais, voit pourtant sa bonne foi remise en cause. Pendant ce temps, plus de 300 000 autres réfugiés vivent en Ouganda, sans que la communauté internationale ne manifeste un intérêt réel pour leur sort.
En refusant d'examiner en profondeur la complexité de la crise congolaise, certains acteurs internationaux préfèrent entretenir des raccourcis simplistes. L'ambassadrice Dr. Gashumba rappelle que le Président Paul Kagame et le Front Patriotique Rwandais (RPF-Inkotanyi) ont mis fin au génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 et ont évité une vague de vengeance qui aurait pu ravager le pays. Contrairement à d'autres, le Rwanda ne passe pas son temps à quémander l'attention de la communauté internationale, mais se concentre sur sa reconstruction et son développement.
Les sanctions et l'ignorance des causes profondes du conflit dans l'est de la RDC ne font qu'exacerber les tensions et renforcer l'instabilité. Il est temps de réfléchir à des solutions réalistes et durables pour la région des Grands Lacs, sans désigner de boucs émissaires et sans se voiler la face sur les réels enjeux du conflit congolais.

Dr. Diane Gashumba
Source : https://fr.igihe.com/Crise-en-RDC-Une-lecture-differente-du-conflit-et-des-sanctions.html