L'Inde et le Pakistan ou une plaie jamais refermée #rwanda #RwOT

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Dans la nuit du 6 au 7 mai, la poudrière cachemirie a de nouveau explosé : échanges nourris de tirs le long de la ligne de contrôle, frappes aériennes indiennes en territoire pakistanais en représailles à l'attentat de Pahalgam. Ce nouvel accès de violence marque la plus grave montée aux extrêmes depuis deux décennies, faisant resurgir le spectre d'un conflit aux proportions cataclysmiques.

Le litige remonte à l'année fatidique de 1947, lorsque la dislocation de l'Empire britannique des Indes engendra la naissance douloureuse de deux États : l'Inde laïque à majorité hindoue, et le Pakistan musulman. Le Cachemire, principauté himalayenne à dominante musulmane dirigée alors par un prince hindou, se retrouva happée dans cette déchirure géopolitique. Menacé par des incursions pakistanaises, le maharaja sollicita la protection de New Delhi et consentit à l'intégration à l'Union indienne, précipitant la première guerre indo-pakistanaise.

D'une partition à l'autre : la guerre au long cours

L'accord signé dans la hâte ne mit pas fin à l'embrasement. Dès 1949, une ligne de cessez-le-feu, connue sous le nom de " Line of Control " (LoC), vint entériner de fait la division du Cachemire : l'ouest sous administration pakistanaise (Azad Cachemire et Gilgit-Baltistan), l'Est intégré à l'Inde (Jammu-et-Cachemire, puis Ladakh). Mais cette démarcation, censée être provisoire, s'est muée en fracture pérenne, alimentant rancunes, insurrections et affrontements sanglants en 1965, 1999, et plus récemment en 2019.

Depuis lors, les deux puissances, désormais nucléarisées, poursuivent une escalade latente. L'attentat du 23 avril, dont l'auteur reste inconnu, a ravivé les tensions et conduit à de nouvelles opérations militaires. L'histoire bégaie, et le Cachemire continue d'osciller entre révolte populaire, guérilla séparatiste et répression militaire.

Nationalismes, confessionnalités et soif d'eau

Le conflit ne saurait toutefois être réduit à une querelle d'héritage colonial ou d'appartenance religieuse. Depuis l'arrivée au pouvoir des gouvernements nationalistes dans les deux capitales, les enjeux géopolitiques s'entremêlent aux visées idéologiques.

En 2019, Narendra Modi révoquait unilatéralement l'autonomie constitutionnelle du Jammu-et-Cachemire, en accentuant la mainmise de New Delhi sur une région déjà militarisée à outrance. Sous couvert de sécurité, l'objectif semble être un remodelage démographique et confessionnel à l'avantage de la majorité hindoue, comme le soulignent de nombreux observateurs.

Au Pakistan, les autorités ne se privent pas de souffler sur les braises : le général Asim Munir a récemment réaffirmé que le Cachemire constituait la " veine jugulaire " de la nation, réitérant son soutien à la lutte des " frères cachemiris " contre l'" occupation indienne ". Une rhétorique belliqueuse qui continue d'alimenter l'engrenage.

À cette tension s'ajoute un enjeu d'une brûlante actualité : la maîtrise de l'eau. Les fleuves du Cachemire, source vitale pour les plaines agricoles pakistanaises, sont encadrés par un traité de 1960. Mais l'Inde, disposant du contrôle des cours d'eau amont, n'hésite plus à brandir la menace de leur détournement comme levier de pression diplomatique. Narendra Modi a même annoncé leur réorientation exclusive au service de l'Inde, suscitant l'alarme de la communauté internationale.

Alors que les grandes puissances appellent à la désescalade, l'éventualité d'un affrontement total entre deux États dotés de l'arme nucléaire n'a jamais semblé aussi plausible. Et le Cachemire, martyr d'une géopolitique impitoyable, demeure la ligne de fracture d'une paix introuvable.

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/L-Inde-et-le-Pakistan-ou-une-plaie-jamais-refermee.html

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