Originaire des États-Unis, Nyiramacibiri a joué un rôle déterminant dans la prévention de l'extinction des gorilles du parc national des Volcans. À son arrivée, les populations de gorilles étaient en déclin en raison du braconnage.
Nyiramacibiri est arrivée dans le parc en 1967 après avoir passé du temps à étudier le comportement des gorilles. Durant les 18 années qu'elle a passées parmi eux, elle a acquis des connaissances approfondies sur leurs habitudes alimentaires, leurs structures sociales, leurs expressions émotionnelles et bien plus encore.
Dans la matinée du 27 décembre 1985, la nouvelle tragique de sa mort s'est répandue à travers le Rwanda, en particulier dans l'ancienne préfecture de Ruhengeri. Elle a été retrouvée assassinée dans sa cabane, présentant six blessures à la tête et au visage, indiquant qu'elle avait été tuée à coups de machette.
Le mobile du vol a été rapidement exclu, car l'importante somme d'argent qu'elle gardait chez elle était intacte. De plus, son passeport et une arme à feu n'avaient pas été touchés. Les enquêteurs ont découvert des empreintes de deux individus à l'extérieur de sa cabane, et un trou creusé dans le mur.
Après sa mort, les autorités rwandaises de l'époque ont rapidement arrêté plusieurs membres de son personnel, dont Emmanuel Rwelekana, qui l'avait auparavant guidée lors de ses travaux sur terrain. Alors que la plupart furent relâchés dès le lendemain, Rwelekana est resté en détention en raison de conflits antérieurs avec Fossey, qui avaient conduit à son licenciement.
Neuf mois plus tard, le 29 septembre 1986, la veille du jour où des responsables de l'ambassade des États-Unis devaient l'interroger, le gouvernement rwandais annonça que Rwelekana était mort en prison, prétendument par pendaison. Cette conclusion a suscité des soupçons, en particulier parmi les membres de sa famille.
À ce jour, les circonstances de la mort de Rwelekana restent floues. Sa famille n'a jamais reçu son corps ni aucune preuve concrète confirmant son décès. "Nous n'avons aucune preuve que mon père est mort" avait affirmé sa fille.
Donata Mukarwego, née en 1980 dans le village de Rwambogo, est la fille de Rwelekana. Dans une interview accordée à IGIHE, elle a raconté le jour où son père a appris la mort de Fossey.
" Mon père était à la maison lorsqu'il a reçu la nouvelle. Il est immédiatement parti après avoir dit à ma mère que quelque chose de grave s'était produit. Quelques jours plus tard, des gendarmes sont arrivés pour arrêter mon père et d'autres individus. Par la suite, la famille apprit la nouvelle de sa mort présumée en prison. " se souvient-elle.
" Un homme est venu nous dire que notre père était décédé. Des rumeurs ont circulé selon lesquelles il s'était suicidé ou avait été tué. Parmi tout le personnel de Fossey, seul mon père est mort, ce qui nous a profondément bouleversés ", a déclaré Mukarwego.
Après la mort de Rwelekana, son épouse est également décédée, laissant leurs enfants dans une grande détresse.
Jonas Nubaha, né à Kinigi en 1965, a commencé à travailler pour Fossey au centre de recherche de Karisoke en 1979. Ses responsabilités comprenaient la surveillance de la faune et la mise en place de pièges contre les braconniers.
" Elle embauchait des personnes qui connaissaient bien leur travail. Nous lui faisions un compte rendu chaque matin de nos observations ", se souvient Nubaha. Il décrit Fossey comme une employeuse bienveillante, qui traitait son personnel et les habitants locaux avec générosité.
" Lors des jours de fête, nous venions avec nos familles pour célébrer avec elle. Elle offrait de la nourriture, des boissons et des vêtements pour nos enfants. C'était une bonne personne qui nous traitait bien ", a-t-il déclaré. Malgré leur travail rapproché avec les gorilles, le personnel de Fossey restait toujours prudent à leur égard.
" Elle aimait profondément les gorilles. Nous restions en arrière pendant qu'elle les approchait. Elle a joué un rôle majeur dans leur protection ", a ajouté Nubaha.
L'implication de Fossey ne se limitait pas à la conservation de la faune ; elle soutenait aussi les communautés locales, ce qui lui a valu une admiration. " Le problème, c'est qu'elle est morte sans avoir eu d'enfant. Mais encore aujourd'hui, des commémorations sont organisées en son honneur ", a souligné Nubaha.
Fidèle Uwimana, un autre ancien employé, né en 1967 à Kinigi, a décrit sa première rencontre avec Fossey en 1984 lors d'une célébration communautaire. En tant que jeune volontaire, il aidait aux tâches ménagères pendant les congés du personnel, recevant des vêtements en échange.
Uwimana a expliqué que le nom "Nyiramacibiri" appartenait à l'origine à une autre chercheuse plus petite en taille que Fossey. Lorsque cette dernière est repartie chez elle, Fossey a hérité du surnom.
Lorsqu'on lui a demandé si Rwelekana était responsable de la mort de Fossey, Nubaha est resté sceptique. " Bien que certaines personnes le soupçonnaient, il n'y a jamais eu de preuve claire ", a-t-il déclaré.
Certaines rumeurs suggèrent que les conflits de Fossey avec des autorités locales et étrangères auraient pu jouer un rôle dans son assassinat. Certains ont pensé que des désaccords sur l'utilisation des gorilles à des fins touristiques plutôt que de recherche lui avaient attiré des ennemis.
D'autres ont supposé qu'elle s'était heurtée au gouvernement rwandais, en particulier avec des responsables locaux de Ruhengeri. Uwimana, qui connaissait aussi Rwelekana et son frère, a reconnu que bien que Fossey et Rwelekana aient un temps eu une relation conflictuelle, la vérité demeure mysterieuse.
" Il y avait des réunions chez lui avec des collaborateurs étrangers avant la mort de Fossey. Il est difficile d'exclure totalement la possibilité de son implication ", a-t-il déclaré.
Fossey a été enterrée à Karisoke parmi les gorilles dont elle avait pris soin, réalisant ainsi son souhait de reposer aux côtés des animaux qu'elle aimait tant.
" Le gouvernement nous a donné l'autorisation de l'enterrer là-bas. Aujourd'hui encore, sa tombe demeure un lieu de mémoire ", a conclu Uwimana.
Source : https://fr.igihe.com/La-mysterieuse-mort-de-Dian-Fossey.html
