
Depuis leur évasion après le génocide contre les tutsi de 1994, les FDLR, forte de milliers de combattants, ont su s'organiser en une structure qui dépasse les frontières du seul conflit régional, s'appuyant sur des ressources extérieures pour maintenir et renforcer leur emprise sur les zones qu'ils occupent.
Selon les experts, les FDLR ont méticuleusement constitué un réseau financier et logistique qui leur permet d'exporter des minerais extraits des territoires qu'ils contrôlent, en échange de fonds qui alimentent leur insurrection. Ce commerce, dont l'ampleur et la portée sont rendues possibles par des intermédiaires, englobe des sociétés aux origines diverses, qui achètent des pierres issues de mines aux mains des FDLR.
Loin d'être un simple commerce de biens, ce réseau de soutien va bien au-delà de la sphère économique pour inclure un appui militaire crucial. En effet, les FDLR continuent de bénéficier d'approvisionnements en armements et munitions, acheminés via la Tanzanie, et entretiennent des liens avec des bases arrière en République du Burundi, utilisées notamment pour le recrutement de nouvelles recrues.
Les tentatives d'annihilation des structures des FDLR, malgré l'intensification des offensives militaires, ont jusqu'ici échoué à mettre fin à leur organisation. Les FDLR, capables de se réimplanter dans les zones qu'ils avaient perdues, continuent d'élargir leurs rangs, en dépit des pressions exercées sur eux.
Le rapport des experts souligne également l'implication persistante de certains officiers de l'armée congolaise, qui, longtemps complices, continuent de fournir un soutien aux rebelles, tout en orchestrant des alliances avec d'autres groupes armés opérant dans cette région instable.
Plus alarmant encore, le soutien extérieur aux FDLR ne se limite pas aux seuls financements, mais s'étend à des aides directes en provenance de certains secteurs de la société civile européenne.
Il est notamment fait mention d'organisations caritatives espagnoles telles que Fundacio S'Olivar et Inshuti, qui auraient fourni un soutien régulier et substantiel, tant financier que matériel, aux FDLR. Le président d'Inshuti, Joan Casoliva, dont les liens avec le gouvernement des Baléares sont avérés, aurait ainsi facilité l'obtention de fonds s'élevant à 200.000 dollars pour soutenir la cause des FDLR, ce soutien ayant été orchestré par l'intermédiaire de réseaux comprenant un prêtre belge basé en Tanzanie. Ce type de soutien est d'autant plus scandaleux qu'il s'effectue dans un contexte où des fonds publics, détournés sous couvert d'actions humanitaires, permettent à une organisation responsable de crimes de guerre de perdurer.
Le rapport fait également état du manque de coopération manifeste de certains États occidentaux, notamment la France, la Belgique, la Grande-Bretagne et les États-Unis, où vivent plusieurs cadres de l'organisation, en lien étroit avec leurs collaborateurs dans la RDC.
Les instances internationales peinent à obtenir les informations nécessaires pour démanteler ce réseau de soutien, malgré leurs demandes répétées, notamment en ce qui concerne la traçabilité des communications téléphoniques de certains leaders des FDLR en France, dont les numéros étaient en contact avec des téléphones satellitaires utilisés par ces derniers à l'Est de la RDC.
Les experts onusiens ne manquent pas de souligner qu'en l'absence de ce soutien extérieur, la capacité de nuisance des FDLR serait largement diminuée. Ainsi, ils appellent à une action internationale concertée, exhortant le Conseil de sécurité des Nations Unies à mettre en place des mesures contraignantes, telles que l'identification et l'inculpation des principaux dirigeants des FDLR vivant à l'étranger.
Pour ce faire, ils préconisent une mobilisation collective des pays concernés, afin de mettre un terme à ce réseau de soutien qui permet à une organisation criminelle de perdurer et d'aggraver la souffrance des populations de la région.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Les-ramifications-des-FDLR-en-occident.html