Actuellement, la législation stipule qu'un média reconnu doit être agréé par l'Autorité rwandaise de régulation des médias (RMC). Les journalistes autorisés à exercer au Rwanda doivent également être titulaires d'un agrément délivré par cet organisme. Cependant, des préoccupations croissantes émergent quant à l'impact des réseaux sociaux sur la société rwandaise, certains acteurs affirmant que leur utilisation actuelle pourrait nuire au pays.
Les critiques s'appuient sur les polémiques et les antagonismes souvent présents sur ces plateformes, où chacun utilise sa voix ou celle d'autrui pour s'affronter, entraînant avec eux des fans et des partisans. De plus, de nombreux journalistes citoyens rapportent des nouvelles et les diffusent via leurs propres comptes, sans être soumis aux mêmes réglementations que les médias traditionnels.
Une étude récente sur le développement des médias au Rwanda en 2024 a révélé un taux de 76,7 %, en baisse par rapport à 80,6 %. Le critère des capacités et du professionnalisme des médias, quant à lui, affiche un score alarmant de 60,7 %.
Lors de la présentation de son rapport d'activités 2023/2024 devant le Parlement le 29 octobre 2024, le député Nizeyimana Pie a souligné l'évolution des médias, notant que la diversité des acteurs entraîne des publications souvent irresponsables. Il a interpellé la RGB sur la nécessité d'établir des limites pour les médias sur les réseaux sociaux, afin de protéger la population rwandaise.
Le député a également suggéré que les utilisateurs de réseaux sociaux devraient être soumis à une taxation sur leurs revenus générés. " Comment ces réseaux sociaux peuvent-ils générer des revenus tout en utilisant les infrastructures de notre pays ? " a-t-il questionné.
Dr Doris Uwicyeza Picard a précisé que la RGB n'a pas pour mission de contrôler l'utilisation des réseaux sociaux par les particuliers, mais espère que la nouvelle politique fournira un cadre adéquat. Elle a rappelé que les réseaux sociaux sont déjà régis par des lois concernant les contenus, la protection des enfants et la lutte contre la propagande de génocide, avec les autorités compétentes en charge de ces questions.
Enfin, la législation actuelle au Rwanda, notamment la loi n° 60/2018 du 22 août 2018, vise à prévenir et sanctionner les infractions liées aux technologies de l'information, en incluant des dispositions contre la diffusion de fausses informations et de contenus indécents.
Cette initiative de la RGB marque un tournant dans la régulation des médias au Rwanda, soulignant la nécessité d'un équilibre entre liberté d'expression et protection des citoyens.
Alain Bertrand Tuezerwe