Le théâtre de l'absurde sous les ors de la République française #rwanda #RwOT

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De Washington à Berlin, de Londres à Rome en passant par Kigali et Dakar, un même constat s'impose : la France, jadis perçue comme un modèle de stabilité institutionnelle et de raffinement diplomatique, semble désormais s'être égarée dans un interminable théâtre de l'absurde.

La démission, à peine vingt-quatre heures après sa nomination, du Premier ministre Sébastien Lecornu, a provoqué un séisme politique dont l'onde de choc dépasse largement les frontières nationales.

A l'étranger, les mots employés pour décrire cette crise confinent à la stupéfaction. " Farce française ", " crépuscule douloureux de la présidence Macron ", " naufrage politique inédit " : la tonalité oscille entre ironie mordante et inquiétude voilée. Les grands quotidiens du monde entier décrivent la France comme un navire à la dérive, englué dans ses querelles intestines, incapable de retrouver le cap de la cohérence politique.

Aux États-Unis, le New York Times se borne à constater, avec une sobriété toute américaine, " une décision choquante " qui signe " l'échec le plus manifeste du macronisme à ce jour ". CNN, plus incisive, souligne que " le pays semble épuisé, las de lui-même, et dirigé par un président incapable d'accepter la fin de son propre cycle ".

La conclusion est sans appel : le pouvoir français s'épuise dans la répétition d'un discours réformateur vidé de substance.

Outre-Manche, l'ironie typiquement britannique se déploie avec une cruauté raffinée. The Telegraph salue " la mort lente d'Emmanuel Macron ", tandis que la BBC décrit Lecornu comme " un Premier ministre tombé plus vite que l'ombre de ses prédécesseurs ".

Le Financial Times, quant à lui, évoque " le désastre Lecornu " et " le crépuscule d'un règne devenu douloureux à contempler ", estimant que la France se trouve désormais au bord d'un effondrement politique et budgétaire.

Le site Politico Europe s'autorise même une comparaison drolatique : si Liz Truss avait été comparée à une laitue pour la brièveté de son mandat, " Lecornu serait sans doute l'épinard de la politique française flétri avant d'avoir été servi ".

En Italie, la moquerie se mêle à la sidération. La Stampa rapporte, non sans ironie, les propos d'un lecteur : " Nous, Italiens, pensions avoir le monopole des gouvernements éphémères ; mais nous n'en étions pas encore à un exécutif nocturne. " La Repubblica souligne le paradoxe d'un président " fort à l'extérieur, faible à Paris ", devenu, selon le quotidien, le " maillon fragile de l'Union européenne ".

En Allemagne, le ton est moins railleur et davantage inquiet. Le Süddeutsche Zeitung estime que " Macron sacrifie ses Premiers ministres à son obstination ", tandis que le Frankfurter Allgemeine Zeitung s'interroge gravement : " La France est-elle devenue ingouvernable ? " Les journaux allemands évoquent un climat d'impuissance politique dont les répercussions économiques pourraient fragiliser tout le continent européen.

En Espagne, El País dépeint " une crise politique éternelle " et un Emmanuel Macron " piégé dans son propre labyrinthe ", tandis que La Vanguardia note avec sévérité que " même l'Italie la plus instable n'a jamais offert un tel spectacle ". En Belgique enfin, La Libre Belgique parle d'un " naufrage politique sans précédent sous la Ve République ", d'" une folle journée où les masques sont tombés ", et d'une " mission impossible confiée à un Premier ministre éphémère ", illustrant l'épuisement d'un système à bout de souffle.

Au-delà des sarcasmes et des métaphores, une inquiétude plus profonde affleure : celle d'une France dépossédée de son autorité morale, prisonnière d'un narcissisme institutionnel où l'apparat républicain masque mal la vacuité du pouvoir. La scène politique française, jadis admirée pour son esprit de mesure et son sens du prestige, semble désormais se confondre avec le tumulte des boulevards : frondeuse, désordonnée, et tragiquement théâtrale.

Ainsi, aux yeux du monde, Paris n'est plus seulement la capitale des Lumières : elle est devenue celle du vertige politique. Et sous les ors de la République, l'on entend résonner un mot terrible, venu d'ailleurs mais désormais si familier : le crépuscule. Celui d'un président à bout de souffle, et peut-être, plus gravement encore, celui d'une certaine idée de la France.

Le spectacle offert par la vie politique française ces derniers jours a franchi les frontières de l'Hexagone pour s'imposer comme un sujet d'étonnement

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Le-theatre-de-l-absurde-sous-les-ors-de-la-Republique-francaise.html

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