L'alliance entre Bruxelles et Kinshasa se lézarde #rwanda #RwOT

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Elles relèvent de ces énoncés politiques qui, sous le voile d'une courtoisie mesurée, signifient un basculement profond. C'est une rupture douce, presque feutrée, mais incontestablement assumée, dans laquelle chaque mot semble avoir été pesé avec une précision chirurgicale pour signifier au pouvoir de Félix Tshisekedi que l'ère des indulgences tacites touche à son crépuscule.

Cette prise de distance, habillée du langage policé de la diplomatie européenne, marque moins une simple divergence passagère qu'un repositionnement stratégique, une manière pour Bruxelles de rappeler qu'aucune alliance, aussi ancienne ou commode soit-elle, ne saurait survivre à l'usure des illusions et à l'érosion de la confiance politique.

Il est des moments où les alliances politiques, longtemps scellées dans le pragmatisme et les intérêts croisés, révèlent soudain les fissures profondes que des silences diplomatiques avaient jusqu'alors masquées.

Le discours prononcé au Parlement belge par Maxime Prévot, ministre des Affaires étrangères du Royaume de Belgique, appartient à cette catégorie d'instants où la liturgie feutrée de la diplomatie laisse place à des vérités dénudées. Ce jour-là, c'est sans l'esquive coutumière que Bruxelles a décidé d'exprimer son exaspération face aux errements politiques et diplomatiques de Félix Tshisekedi.

Le ministre, s'exprimant devant les députés, a en effet " éventré le boa ", selon l'expression consacrée. Derrière une rhétorique mesurée, ses propos tracent une ligne politique sans équivoque : la Belgique se refuse à cautionner plus longtemps les gesticulations d'un pouvoir congolais incapable de donner corps à ses promesses de réformes et de dialogue inclusif.

En appelant à un " processus national entre Congolais et Congolaises " pour affronter les causes structurelles des crises récurrentes en République démocratique du Congo, il a signifié la volonté de son pays de soutenir non plus un homme, mais un cadre politique authentiquement participatif, celui que portent, entre autres, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et les Églises protestantes.

Or, face à ces exhortations répétées, le président Tshisekedi a, fidèle à son style, acquiescé d'un sourire convenu sans que le moindre geste politique ne suive. L'atmosphère politique demeure engluée dans une crispation que Bruxelles avait pourtant recommandé d'alléger par des mesures d'ouverture. Rien n'a été fait. Rien n'a été tenté. Le pouvoir congolais semble s'être enfermé dans une sorte de surdité stratégique, préférant des discours incantatoires à des réformes structurelles tangibles.

La situation s'est aggravée avec le verdict retentissant prononcé contre l'ancien président et sénateur à vie Joseph Kabila, condamné à la peine capitale à l'issue d'un procès dont la qualité de la procédure laisse planer de lourds soupçons.

Cette sentence, dénoncée sans ambages par Bruxelles, n'est pas seulement perçue comme une dérive judiciaire ; elle est interprétée comme un acte de rupture avec les principes élémentaires de l'État de droit. Elle marque, pour beaucoup de partenaires, le franchissement d'un seuil politique.

Lors de son entretien avec Tshisekedi, Maxime Prévot a d'ailleurs soigneusement évité d'évoquer la polémique autour du terme " génocost " un concept brandi par le pouvoir congolais dans un mélange d'instrumentalisation mémorielle et de diversion politique.

Bruxelles n'entend plus se prêter à cette rhétorique confuse qui, loin d'unir, creuse davantage les fractures internes et détourne l'attention des urgences nationales.

Le message belge est clair : la confiance politique n'est pas un chèque en blanc. La Belgique, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, prend désormais ses distances avec un régime qui confond communication et gouvernance, promesses creuses et réformes concrètes.

La propagande congolaise s'essouffle, les connivences d'hier se délient et les désaccords se lavent désormais sur la place publique.

Ce glissement n'est pas anodin. Il annonce la fin d'une complaisance et le début d'une diplomatie plus exigeante, où le soutien ne se négocie plus sur la base de relations personnelles mais sur des engagements politiques mesurables. Pour le pouvoir de Tshisekedi, cette inflexion pourrait bien sonner comme un avertissement majeur : l'indulgence occidentale a ses limites et l'ère des illusions commence à toucher à sa fin.

Les propos de Maxime Prévot traduisent une rupture diplomatique ferme mais mesurée avec le pouvoir de Félix Tshisekedi

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/L-alliance-entre-Bruxelles-et-Kinshasa-se-lezarde.html

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