
Ce réquisitoire, porté au nom des millions de Congolais victimes de crimes d'État, expose une accumulation accablante de charges qui, chacune à elle seule, suffirait à faire basculer tout pouvoir dans l'opprobre et l'histoire infamante.
Les assassinats ciblés comme méthode de gouvernement
La première série de griefs renvoie à une politique d'éliminations sommaires qui a ensanglanté le sommet de l'État : le juge Raphaël Yanyi, figure emblématique du procès dit " des 100 jours " ; le général Delphin Kahimbi, stratège militaire redouté ; le général Thim Mukunto ; le général Sukatensa ; le général Chirimwami Peter ; le colonel Musukusuku ; le colonel Michel Koth ; et jusqu'au député national Chérubin Okende, dont la mort résonne encore comme un sinistre rappel de la fragilité de l'opposition politique sous ce régime.
Les massacres de populations civiles
La seconde accusation frappe par son ampleur et son horreur : 151 membres Wazalendo abattus à Goma ; 300 jeunes fauchés à Kasumbalesa ; 58 étudiants de l'UNAFEC liquidés à Lubumbashi ; plus de 120 manifestants pacifiques exécutés à Kilobelobe, Likasi et Kolwezi ; 20 fidèles de l'Église Bana Bambidi tués à Kilwa ; sans oublier, dans l'enceinte même de la prison centrale de Makala, la barbarie d'un viol collectif infligé à plus de 270 femmes et l'exécution extrajudiciaire de plus de 2 000 jeunes détenus. Ces faits dressent le tableau d'un pouvoir devenu bourreau de son propre peuple.
La prédation économique et les détournements massifs
À ce déchaînement de violence s'ajoute le détournement systématique des deniers publics, opérés par l'entremise de proches collaborateurs, pour un total de plusieurs dizaines de milliards de dollars américains, transformant le Trésor national en coffre-fort personnel et alimentant une oligarchie prédatrice.
Le soutien criminel aux milices et mouvements armés
Le dossier concerne également l'accusation de collusion avec des groupes armés : financement des FDLR, de la CODECO en Ituri ; encouragement des milices Wazalendo dans le Grand Kivu et en Province Orientale par ses ministres Mihindo Nzangi et Julien Paluku ; appui aux bandes Mobondo semant la terreur dans Kinshasa et le Bandundu.
Le pillage des ressources minières
Sous son règne, les richesses du Katanga auraient été livrées à un système de prédation familiale et politique, prolongement moderne des concessions coloniales, où le sous-sol congolais est dépouillé au profit d'intérêts privés.
Le viol des textes fondamentaux
En dépit du contexte de guerre, le projet de modification unilatérale de la Constitution témoigne d'une volonté d'usurpation absolue, foulant aux pieds la Loi fondamentale et compromettant l'équilibre institutionnel.
La planification d'assassinats politiques en exil
Il est en outre reproché au chef de l'État d'avoir constitué une cellule clandestine, dirigée par les généraux John Tshibangu et Ndaywel, destinée à neutraliser physiquement les opposants réfugiés à l'étranger.
L'instrumentalisation de la justice et le viol de la souveraineté populaire
Enfin, la liste des crimes ne saurait s'achever sans mentionner l'asservissement du pouvoir judiciaire, les fraudes électorales répétées et la violation méthodique de la Constitution, autant de pratiques qui ont achevé de délégitimer un régime déjà gangrené par le sang et la corruption.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/L-acte-d-accusation-d-un-regime-de-sang-et-de-predation-en-RDC.html