Lors d'une interview accordée ce dimanche à la Rwanda Broadcasting Agency (RBA), le chef de la diplomatie a affirmé que l'attitude de la RDC était " inacceptable " estimant que Kinshasa " semble ne pas vouloir une paix véritable ".
Ces déclarations interviennent au lendemain de l'annonce officielle du retrait du Rwanda de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), décidée samedi 7 juin 2025 lors du 26ᵉ sommet ordinaire à Malabo, en Guinée équatoriale.
Cette décision fait suite à ce que Kigali considère comme une violation délibérée de ses droits, en particulier la décision de la RDC d'empêcher le Rwanda d'assurer, comme prévu par le traité de la CEEAC, la présidence tournante de l'organisation.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la RDC, avec le soutien de certains États membres de la CEEAC, a instrumentalisé l'organisation régionale pour imposer sa volonté, en bafouant la règle selon laquelle la présidence doit alterner selon l'ordre alphabétique en français
" Le droit du Rwanda à assurer la présidence tournante a été délibérément ignoré ", souligne le communiqué.
Lors de son entretien, Olivier Nduhungirehe a dénoncé une plainte infondée de la RDC accusant le Rwanda d'agression, qu'il a qualifiée d'hypocrite, surtout au regard du rôle de Kinshasa dans l'instabilité de la région.
Il a accusé la RDC de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé responsable du génocide contre les Tutsi en 1994 au Rwanda, de recourir à des mercenaires en violation du droit international, et de mener des attaques sur le territoire rwandais, notamment un bombardement en janvier près de Goma ayant fait 16 morts et 160 blessés.
Le ministre a également exprimé la profonde déception du Rwanda face aux défaillances structurelles de la CEEAC, qualifiant l'organisation de dysfonctionnelle depuis plusieurs années, en raison de finances mal gérées, de l'absence de vérifications depuis 2015 et d'un manque évident de bonne gouvernance.
Il a rappelé un incident survenu en 2023, lorsque la RDC, alors présidente en exercice de la CEEAC, avait empêché le Rwanda de prendre la parole lors du 22ᵉ sommet à Kinshasa â€" une exclusion que Kigali avait formellement contestée par une lettre adressée à l'Union africaine, restée sans réponse.
Malgré son retrait de la CEEAC, le ministre a réaffirmé l'attachement du Rwanda aux autres communautés économiques régionales, telles que la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) et le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), ainsi qu'à tous les processus de paix visant à mettre fin au conflit dans l'est de la RDC.
Nduhungirehe a expliqué que le Rwanda participe activement aux discussions en cours, notamment la rencontre du 18 mars à Doha entre les présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi, organisée sous la médiation du Qatar, ainsi que la signature, le 25 avril à Washington, d'une déclaration de principes conjointe avec la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner.
Ces discussions font partie d'un important processus visant à conclure un accord de paix, dont la signature est prévue prochainement à la Maison Blanche, aux États-Unis.
" Il est à la fois surprenant et inacceptable que, alors même que nous avançons sur la voie de la paix, la RDC continue d'accuser le Rwanda et de demander des sanctions à son encontre ", a indiqué Nduhungirehe, dénonçant une attitude irresponsable et nuisible à la stabilité de la région.
" C'est triste de voir qu'une organisation regroupant onze pays membres soit manipulée par un seul pays ", a déploré Nduhungirehe, appelant les membres de la CEEAC à prendre conscience de la dérive inquiétante dont souffre cette organisation.
Le ministre a averti que l'attitude de la RDC risque de compromettre les négociations de paix en cours, déjà fragiles, en raison des tensions liées à la rébellion du M23, qui occupe des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Le Rwanda a à plusieurs reprises nié les accusations récurrentes de Kinshasa, affirmant au contraire que c'est la RDC qui collabore avec les FDLR, principale cause d'instabilité dans la région et menace directe pour sa sécurité.
IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/Le-Rwanda-accuse-la-RDC-d-entraver-les-efforts-de-paix-regionale.html
