Le dévoiement des mouvements citoyens en RDC #rwanda #RwOT

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Conçus pour incarner l'exigence de justice et de transparence, ils se trouvent, pour certains, dévoyés par des logiques de clientélisme, de compromissions et de surenchères identitaires qui corrompent leur essence première. Ce qui s'annonçait comme un renouveau de l'engagement populaire s'est parfois mué en un instrument de division, nourri par la haine de l'autre et la captation opportuniste des colères feintes.

Là où l'on attendait une parole libératrice, fondée sur la défense des droits fondamentaux et la dénonciation des abus de pouvoir, s'imposent parfois des rhétoriques incendiaires qui attisent les fractures sociales et ethniques. Loin de transcender les antagonismes qui gangrènent le pays, certains de ces collectifs semblent aujourd'hui en exalter la virulence, instrumentalisant les frustrations populaires pour servir des agendas opaques.

Ainsi, l'activisme qui devait être une force d'apaisement et de mobilisation constructive devient, dans certains cas, un vecteur de conflictualité supplémentaire, alourdissant un climat déjà saturé par la méfiance et la violence.

L'une des dérives les plus alarmantes réside dans l'entrelacement des revendications citoyennes avec des logiques militaristes. Lorsque des alliances douteuses se nouent entre certains mouvements et des groupes armés, c'est tout le fondement de la lutte citoyenne qui s'en trouve perverti.

La légitimation implicite de la force comme mode d'action politique instille un venin supplémentaire dans un pays déjà exsangue. Ce qui relevait jadis d'une démarche démocratique et pacifique devient ainsi le paravent d'une violence justifiée par la rhétorique de la revanche et de l'épuration symbolique.

Par ailleurs, la corruption s'immisce insidieusement dans ces mouvements, détournant leur vocation initiale vers des logiques d'intérêts personnels et d'allégeances occultes. Loin de se poser en remparts contre l'arbitraire et la prédation, certains activistes se transforment en figures ambivalentes, oscillant entre révolte et compromission, entre indignation affichée et accointances discrètes avec les pouvoirs qu'ils prétendent combattre.

Dès lors, il devient impératif de s'interroger sur la portée réelle de ces engagements dévoyés. À quel moment la contestation cesse-t-elle d'être un ferment d'émancipation pour se transformer en vecteur de chaos et de manipulation ? Comment distinguer la véritable aspiration au changement d'une agitation dictée par des intérêts inavoués ? Jusqu'à quel point peut-on tolérer que les prémisses d'un combat juste se noient dans l'opportunisme et la perversion des principes fondateurs ?

L'engagement citoyen en RDC est ainsi confronté à une crise existentielle : résister à l'érosion de son intégrité ou sombrer dans une logique de surenchère et de compromission, au risque d'aggraver encore les fractures déjà béantes du pays.

L'engagement citoyen en RDC est confronté à une crise existentielle

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Le-devoiement-des-mouvements-citoyens-en-RDC.html

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