Car en s'emparant de Kalembe, L'AFC/M23 ne se contente pas de renforcer son emprise sur l'Est du pays. Non, il ouvre une voie stratégique, une véritable autoroute de conquête qui pourrait mener à deux scénarios aussi catastrophiques l'un que l'autre pour Kinshasa.
D'un côté, cette percée pourrait s'étendre vers le Sud, à travers les vastes forêts de Shabunda, Mwenga, Kamituga jusqu'à atteindre les rives du majestueux lac Kivu. De là, Bukavu, la grande ville du Sud-Kivu, joyau régional, ne serait plus qu'à quelques kilomètres, vulnérable, prête à tomber à son tour sous l'assaut de l'AFC/M23.
Bukavu, la capitale provinciale, stratégique à plus d'un titre, pourrait ainsi devenir le prochain trophée du mouvement rebelle, marquant une nouvelle étape dans l'expansion de l'AFC/M23 et dans la conquête totale de l'Est congolais.
Un rêve d'horreur pour Kinshasa, un cauchemar logistique, car Bukavu, c'est non seulement une ville clé, mais aussi la porte d'entrée vers les grands lacs, vers des corridors économiques vitaux. Laisser tomber Bukavu, ce serait abandonner le Sud aux griffes des rebelles, livrant la région à une administration de l'AFC/M23 encore plus profonde.
Mais si le Sud est une option, le Grand Nord, lui, reste tout aussi tentant pour les stratèges de l'AFC/ M23. Car de Kalembe, les routes se déploient également vers les territoires du Nord-Kivu, puis, bien au-delà, vers Pinga, Kisangani, cette ville historique, la perle du fleuve Congo.
Kisangani, symbole de la profondeur congolaise, la troisième plus grande ville du pays, point névralgique des échanges commerciaux et centre stratégique du Congo.
Si l'AFC/ M23 décidait de pousser son avantage vers le Grand Nord, il pourrait alors s'ouvrir un chemin vers Kisangani, et de là, atteindre l'immensité du Congo central.
Imaginez un instant : l'AFC/M23, non plus seulement confiné à l'Est montagneux et reculé, mais maître des grandes plaines qui mènent au cur du Congo. C'est un cauchemar militaire et politique pour Kinshasa, qui verrait là une menace existentielle à son pouvoir déjà vacillant dans la région.
Et au-delà de Kisangani ? Si cette progression venait à se concrétiser, ce n'est pas seulement l'Est qui vacillerait, Kisangani est la porte vers l'ouest, vers le fleuve Congo, vers la capitale elle-même, dans un pays où les distances sont vastes et les lignes de défense faibles.
Ainsi, Kalembe devient bien plus qu'un simple village conquis. Il devient ce carrefour stratégique, ce point de bascule, où deux routes, l'une vers le Sud et Bukavu, l'autre vers le Nord et Kisangani, s'ouvrent devant l'AFC/M23. Et quelle que soit la direction choisie, le résultat reste le même : une RDC toujours plus divisée, toujours plus impuissante face à une rébellion qui ne cesse de se renforcer, de s'étendre, et de défier les certitudes politiques et militaires.
Pendant que Kinshasa refuse systématiquement de respecter le cessez-le-feu, l'AFC/ M23 avance, stratégiquement, implacablement. Leur progression n'est pas seulement militaire, elle est aussi symbolique. En prenant Kalembe, en s'aventurant dans Walikalel'AFC/ M23 ne fait pas que gagner du terrain : il sème l'espoir au sein des populations et surtout, l'incertitude au sein du pouvoir.
Cette incertitude qui pèse désormais sur l'avenir même du régime.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/La-prise-de-Kalembe-par-l-AFC-M23.html