L'objectif principal de cette formation est d'améliorer la qualité de l'enseignement de l'histoire du Rwanda, en dotant les enseignants de meilleures connaissances pour qu'ils puissent transmettre des leçons précises et approfondies, et ainsi renforcer l'unité nationale.
Le ministre de l'Unité nationale et de l'Engagement civique, Jean Damascène Bizimana, a visité les enseignants le 23 septembre pour insister sur la nécessité d'améliorer leur compréhension des événements historiques qui ont façonné le pays, notamment la période coloniale et post-coloniale qui a brisé l'unité nationale, ouvrant la voie à des idéologies ayant conduit au génocide de 1994.
Le ministre a souligné que la mission de ces enseignants est cruciale pour faire comprendre aux nouvelles générations l'importance de l'unité nationale et pour soutenir la réalisation des objectifs du pays, notamment ceux de la Vision 2050.
" Cette formation permettra aux enseignants de mieux saisir les défis liés à l'enseignement de l'histoire du Rwanda et d'améliorer leur méthode pédagogique. Nous continuerons à organiser ces dialogues, en les étendant aux écoles et aux districts, afin de rendre l'enseignement plus adapté aux contextes régionaux ", a déclaré Bizimana.
Étienne Sibomana, professeur d'histoire au GS Shyorongi, dans le district de Rulindo, a partagé les difficultés rencontrées par lui-même et ses collègues lorsqu'ils enseignaient des sujets sensibles comme le génocide contre les Tutsi. " Nous enseignions souvent l'histoire telle que nous l'avions apprise à l'école, mais nous manquions d'exemples concrets à présenter aux élèves. Certains d'entre nous étaient aussi freinés par nos propres histoires personnelles ", a-t-il expliqué. Il a ajouté que cette formation lui a apporté des connaissances précieuses qui lui permettront de fournir un récit plus clair et plus précis de l'histoire du pays.
Alodie Abajeneza, professeure à l'EAV Kivumu TSS dans le district de Ngororero, a également souligné l'importance de cette formation pour combler les lacunes dans sa propre compréhension de l'histoire du Rwanda. " Certains d'entre nous sont nés après le génocide et n'avaient pas une compréhension approfondie des événements. Grâce à cette formation, nous disposons désormais des outils nécessaires pour enseigner ces sujets de manière plus claire et plus précise ", a-t-elle déclaré.
Abajeneza a aussi insisté sur la nécessité d'intégrer des visites dans les mémoriaux du génocide pour enrichir la compréhension des élèves, tout en exprimant des inquiétudes quant aux risques de traumatisme que ces discussions pourraient engendrer. Elle a suggéré que les écoles soient dotées de psychologues spécialisés pour aider les élèves à surmonter les effets émotionnels liés à l'étude de ces sujets sensibles, assurant ainsi leur bien-être mental.
Cette initiative s'inscrit dans une démarche plus large visant à faire de l'enseignement de l'histoire un levier essentiel de la réconciliation et de la construction de la nation rwandaise. Le renforcement des capacités des enseignants devrait non seulement permettre d'assurer une meilleure compréhension des tragédies passées, mais aussi de prévenir toute résurgence d'idéologies destructrices. En associant pédagogie, visites de terrain et soutien psychologique, cette formation entend outiller les enseignants pour qu'ils puissent, à leur tour, former des citoyens éclairés et engagés dans l'unité et la paix.
Avec cette formation, le Rwanda montre sa détermination à faire de l'éducation un pilier pour la préservation de la mémoire, tout en protégeant les générations futures des maux du passé.
Alain-Bertrand Tunezerwe