Ces préoccupations se sont intensifiées après la révélation d'informations selon lesquelles la RDC envisage d'accueillir et de réinstaller six Rwandais condamnés pour crimes de génocide par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Parmi eux, deux anciens hauts responsables militaires, le Major François-Xavier Nzuwonemeye, ex-chef du renseignement militaire, et le Capitaine Innocent Sagahutu, son adjoint.
D'autres personnalités incluent Protais Zigiranyirazo, connu sous le nom de "Z", beau-frère de l'ancien Président Juvénal Habyarimana et frère d'Agathe Habyarimana, ainsi que le Colonel Alphonse Nteziryayo, ancien Préfet de Butare.
André Ntagerura et Prosper Mugiraneza, tous deux anciens membres du gouvernement rwandais durant le génocide, figurent également parmi les personnes concernées.
Me Jean Baptiste Gasominari s'interroge sur cette démarche du Président Tshisekedi, déclarant : " Comment peut-on, en pleine négociation pour la sécurité entre la RDC et le Rwanda, envisager d'accueillir des individus condamnés pour génocide, alors que l'une des priorités est l'élimination des forces négatives telles que les FDLR ? "
Bien que ces individus aient le droit de choisir leur lieu de résidence, Dr. Muleefu Alphonse, analyste politique, estime que leur accueil en RDC pourrait compromettre les pourparlers de paix en cours entre Kigali et Kinshasa, dont l'objectif est de stabiliser la région.
" Ramener des individus associés à l'idéologie du génocide dans la région soulève la question de savoir si cela favorise réellement la paix que le tribunal espérait instaurer après avoir rempli son mandat ", a-t-il déclaré.
Le Rwanda a toujours affirmé que l'un des obstacles majeurs à la paix dans la région est la présence des FDLR, un groupe issu de responsables du génocide de 1994 qui, depuis, continue de mener des attaques déstabilisatrices contre le Rwanda.
Les autorités congolaises sont bien conscientes de ce problème. Lors de la réunion de Luanda du 21 mars 2024, la délégation de la RDC, conduite par le ministre des Affaires étrangères Christophe Lutundula, avait promis à leurs homologues rwandais ainsi qu'au médiateur angolais de mettre en place un plan de démantèlement des FDLR. Toutefois, ces promesses n'ont jamais été suivies d'actions concrètes.
Dr. Muleefu souligne : " Plutôt que de montrer une volonté de résoudre ce problème, ce geste pourrait être interprété comme un soutien tacite aux éléments criminels. On peut se demander si l'accueil de ces personnes vise réellement à apporter une solution. "
Les actions controversées de la RDC ont également été dénoncées récemment par le ministre de l'Unité nationale et de l'Engagement civique du Rwanda, Dr. Jean Damascène Bizimana, lors de la célébration de la Journée internationale de la paix. Il a fermement condamné le soutien continu de la RDC aux individus responsables du génocide rwandais.
" Il n'existe aucun autre pays au monde qui abrite des individus ayant massacré plus d'un million de leurs compatriotes, comme l'a fait la RDC.
Ces personnes, après avoir commis un génocide, se sont réfugiées en RDC, qui les a accueillies et continue de les soutenir 30 ans plus tard. Pire encore, la RDC coopère avec eux pour qu'ils puissent revenir et achever le génocide, car ils estiment ne pas l'avoir terminé ", a-t-il déclaré avec véhémence.
Pour l'instant, il n'est pas encore clair si la RDC maintiendra son projet d'accueillir ces individus après la révélation de ces informations, mais ce geste pourrait détériorer encore davantage les relations déjà tendues entre Kinshasa et Kigali.
Bazikarev