Ces réunions, tenues dans les provinces de Cibitoke et Bubanza, ont soulevé des interrogations sur les intentions du gouvernement burundais, notamment sa coopération avec ces groupes armés. " La réunion semble indiquer que quelque chose de plus grand est en préparation ", affirme Pacifique Nininahazwe, tout en pointant du doigt les conséquences potentielles d'un tel rapprochement entre le Burundi et ces factions rebelles.
Toujours selon Nininahazwe, ces rencontres ont été suivies par une autre réunion organisée par le président burundais, Évariste Ndayishimiye, qui a reçu plusieurs généraux de l'armée burundaise.
Cette réunion, qui s'est déroulée à son domicile dans la commune de Giheta, province de Gitega, a vu la participation de Révérien Ndikuriyo, Secrétaire général du CNDD-FDD, ainsi que des officiers autrefois marginalisés, comme le Général Étienne Ntakarutimana, ancien patron de renseignement et le Général Gabriel Nizigama, son ancien chef de cabinet civil.
Ces deux généraux, accusés de trahison dans le passé, semblent désormais en voie de réconciliation, ce qui impliquerait une volonté de consolidation au sein des forces armées burundaises.
En parallèle, le Burundi a lancé une vaste campagne de recrutement de 5000 nouveaux soldats. Cette initiative, qui n'avait pas été observée depuis la guerre de 2001, a provoqué des spéculations sur les véritables motivations de ce renforcement militaire. " C'est la première fois depuis 2001 que l'armée Burundaise engage six centres d'instruction militaire simultanément ", a rapporté un officier burundais anonyme qui s'est confié à Pacifique Nininahazwe.
Ces centres se trouvent dans les camps de Mabanda et Bururi au sud du pays, Mutukura à l'Est et Mwaro centre du Burundi où chaque centre d'instruction forme jusqu'à 800 soldats.
Pacifique Nininahazwe ajoute que ce recrutement se concentre exclusivement sur des hommes, contrairement aux pratiques habituelles où les femmes étaient également intégrées. " Les nouvelles recrues sont principalement des Imbonerakure et des employés domestiques. Il semble que l'objectif ne soit pas de recruter des soldats qualifiés, mais d'augmenter le nombre de combattants disponibles ", précise-t-il.
Nininahazwe affirme que ces recrues pourraient être destinées à être envoyées en RDC pour renforcer les troupes burundaises déjà sur place.
Le Burundi dispose actuellement de 14 bataillons en RDC, soit près de 9 000 soldats, et pourrait porter ce nombre à 20 000 selon les ambitions du Président Ndayishimiye. " On dit que chaque soldat envoyé en RDC permet à Ndayishimiye de percevoir une somme importante. Plus il en envoie, plus il gagne d'argent ", explique-t-il.
Cependant, cette escalade militaire intervient alors que la RDC tente de résoudre le conflit avec le M23 par la voie diplomatique.
L'attitude du Burundi, qui semble renforcer sa présence militaire malgré les efforts de paix, laisse supposer que " les pourparlers de paix pourraient n'être qu'une façade ", selon Nininahazwe.
Ces événements posent également la question du respect des accords d'Arusha, qui prévoient une représentation équitable des ethnies au sein des forces de sécurité burundaises. Nininahazwe note que le recrutement des 5000 nouveaux soldats ne semble pas respecter ces quotas, ce qui pourrait " replonger le Burundi dans l'instabilité ".
Il met en garde contre les dangers d'une armée dominée par un seul groupe ethnique, rappelant les tensions passées que cela a engendrées.
Enfin, Pacifique Nininahazwe appelle le Président Ndayishimiye à sortir de son silence et à expliquer aux Burundais ce qui se prépare. " Il est impératif que le président Ndayishimiye rassure la population sur ces réunions secrètes avec des officiers d'une seule ethnie. Il doit également justifier le recrutement précipité de 5000 soldats, qui semble être une mesure de guerre ", conclut-il.
Bazikarev
Source : https://fr.igihe.com/Le-Burundi-accuse-de-preparer-une-guerre-de-grande-envergure.html