
Dans un ton martial qui rappelle bien d'autres déclarations demeurées lettre morte, le communiqué prévient que " en cas de résistance et de refus d'obtempérer, les FARDC, conformément aux dispositions pertinentes de l'Accord de Washington, procéderont au désarmement par contrainte ou par usage de la force ".
Ce discours, qui pourrait à première vue être perçu comme une démonstration d'autorité souveraine, s'inscrit en réalité dans une trame déjà bien connue : celle d'annonces spectaculaires, solennellement proclamées, mais rarement suivies d'effets concrets.
L'histoire récente de la région a en effet montré que ces injonctions répétées s'apparentent davantage à une mise en scène politique qu'à une réelle volonté de rompre avec des alliances obscures et des compromissions anciennes.
Car l'élément le plus frappant de ce communiqué réside moins dans ce qu'il énonce que dans ce qu'il tait délibérément. Nulle mention n'est faite de ces nombreux combattants des FDLR qui, au fil des années, ont été intégrés de façon plus ou moins officielle au sein même des FARDC. Cette porosité structurelle entre les rangs de l'armée congolaise et ceux d'un mouvement armé notoirement impliqué dans le génocide contre les tutsi et dans les violences régionales, affaiblit considérablement la crédibilité de la menace brandie.
Comment, en effet, prétendre désarmer une entité dont une partie substantielle se trouve déjà à l'intérieur des dispositifs militaires nationaux ?
Au-delà de la rhétorique martiale, la véritable question est donc celle de la faisabilité politique et de la sincérité stratégique de cette annonce. Ce type de communication, souvent dicté par des impératifs diplomatiques ou par la pression internationale, vise avant tout à produire une image de fermeté et de responsabilité.
Mais sur le terrain, la complexité des réseaux politico-militaires, les alliances de circonstance, et les intérêts économiques qui gravitent autour de la présence des FDLR en République démocratique du Congo rendent toute opération de désarmement total hautement improbable sans une volonté politique ferme et réellement assumée.
En d'autres termes, il ne suffit pas de lire des communiqués à la télévision nationale pour transformer les équilibres de pouvoir dans l'Est congolais. Ce qui est en jeu n'est pas seulement une opération militaire : c'est une architecture de connivences politiques et sécuritaires profondément enracinée dans le corps même de l'État congolais.
Tant que ces complicités ne seront pas frontalement mises en cause et démantelées, chaque déclaration de ce type demeurera un exercice de communication sans lendemain, un théâtre d'ombres dissimulant mal la permanence des rapports de force réels.
L'histoire récente a démontré que les groupes armés étrangers ne prospèrent pas au Congo par hasard : ils y trouvent des relais, des protecteurs et des bénéfices. Ainsi, la portée réelle de ce communiqué dépendra moins de la puissance de feu annoncée que de la capacité, aujourd'hui très incertaine, de Kinshasa à s'émanciper de ses propres contradictions. Si cet appel au désarmement ne s'accompagne pas d'une épuration interne, d'une remise en question radicale des alliances militaires opaques et d'une coopération sincère avec Kigali, il ne sera qu'un chapitre de plus dans la longue chronique des faux-semblants sécuritaires qui ont condamné l'est du Congo à une instabilité chronique.
Autrement dit, ce 10 octobre 2025 pourrait être une date charnière si la parole de l'État se transforme en acte. Mais en l'absence d'un sursaut politique véritable, il ne sera qu'un nouvel écho d'un passé qui se répète.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Les-FARDC-s-engagent-a-neutraliser-les-FDLR.html