Tshisekedi, revêtu d'un costume institutionnel visiblement trop large, a abandonné les principes fondamentaux qui régissent la conduite des affaires publiques.
Les postes stratégiques, confiés à des proches ou à de simples alliés personnels dépourvus de compétence et d'autorité, ont transformé l'État en un théâtre d'improvisation et de copinage, où les décisions obéissent aux sentiments, aux intérêts particuliers et aux calculs immédiats plutôt qu'aux exigences de l'intérêt national.
Cette dérive a offert à des dirigeants avertis, tel le Président Kagame, la lucidité et la prévoyance nécessaires pour observer et exploiter les failles de la politique congolaise, comme il l'a déclaré avec une franchise implacable à Aljazeera depuis Washington DC.
Là où Tshisekedi croyait manipuler les instances internationales par la richesse et les largesses du trésor public, il s'est exposé à être, en réalité, manipulé et déjoué.
La faute originelle du président congolais réside précisément dans cette naïveté : croire que la puissance économique seule peut commander la loyauté, influencer les acteurs et orienter les décisions mondiales.
Cette illusion a fragilisé la crédibilité internationale du pays, ouvert des brèches diplomatiques et exposé la RDC à des manuvres de partenaires plus stratégiques et plus disciplinés.
Les initiatives entreprises par Tshisekedi, d'abord au Qatar puis à Washington, censées démontrer son habileté et sa stature sur la scène internationale, ont finalement mis en lumière une absence de préparation stratégique et une dépendance illusoire à la puissance financière.
Avant même sa participation au dialogue de Doha, le président avait pris contact avec l'Émir, donnant à entendre qu'il saurait se positionner avec acuité dans ce cénacle diplomatique. Pourtant, à deux reprises, il fit faux bond, reportant sa présence de manière inexplicable et trahissant d'emblée une planification déficiente.
Ces retards et incohérences, loin d'être anecdotiques, ont fragilisé la perception de son sérieux et de sa fiabilité auprès des interlocuteurs internationaux. Pressé et mal préparé, il se rendit ensuite à Washington sans avoir consolidé ses dossiers ni anticipé les enjeux complexes de ce déplacement, s'exposant à un dialogue auquel il n'avait nullement souhaité participer et pour lequel il n'avait pas les armes intellectuelles et stratégiques nécessaires.
Ce faisant, Tshisekedi est apparu comme un acteur politique trop confiant dans le pouvoir de la richesse congolaise, croyant que la générosité financière pourrait compenser l'absence de préparation et de clairvoyance.
La conséquence immédiate fut un retournement de situation : là où il espérait orienter le processus en sa faveur, il se retrouva contraint de répondre à des questions et à des pressions qu'il ne maîtrisait pas, révélant aux yeux des observateurs internationaux la fragilité de son approche et l'inadéquation de sa méthode.
Ce décalage entre ambition et préparation a non seulement terni l'image personnelle du président, mais a également mis la RDC dans une position vulnérable, par manque de lucidité et de discipline.
En définitive, cet épisode souligne l'échec d'une stratégie fondée sur la naïveté et la précipitation : il ne suffit pas de convoiter les instances internationales ou de tenter d'acheter leur faveur pour peser dans les décisions, encore faut-il posséder la rigueur, la prévoyance et la compétence qui seules permettent de transformer un déplacement diplomatique en succès concret.
Tshisekedi, par sa conduite, a donc offert un enseignement cruel à la RDC : l'argent et l'improvisation ne sauraient jamais remplacer l'intelligence stratégique et la maîtrise des dossiers.
Quand le court-termisme devient vulnérabilité nationale
Le piège dans lequel s'est enfermé Tshisekedi n'est pas un simple échec individuel : il symbolise une gouvernance fondée sur l'opportunisme, la recherche de gratification immédiate et le favoritisme, au détriment de la rigueur, de la vision stratégique et de la cohérence institutionnelle.
L'intégration de proches incompétents à des postes clefs, loin de renforcer le pouvoir, a déstructuré l'État et offert un terrain d'observation aux leaders visionnaires comme Kagame, capables d'anticipation.
Cette gouvernance par le copinage et la largesse financière a des conséquences tangibles : affaiblissement de la crédibilité diplomatique de la RDC, érosion de l'autorité du président sur ses institutions et ouverture de la voie à des interventions extérieures favorables à ceux qui savent manuvrer avec discipline et stratégie.
La leçon est amère mais indispensable : le pouvoir ne s'achète pas, il se construit sur la compétence, la prévoyance et l'exigence morale. Le danger pour Tshisekedi, et par extension pour la nation, est que cette erreur originelle se répète, faute de lucidité et de remise en cause profonde.
Tant que l'État congolais restera gouverné par l'improvisation, les largesses et le copinage, la vulnérabilité stratégique de la RDC demeurera une constante, et les occasions de manipulation par des acteurs plus clairvoyants ne feront que se multiplier.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Tshisekedi-ou-l-illusion-du-pouvoir-par-l-argent.html