
Toutefois, le général (Rtd) James Kabarebe a rappelé qu'en l'absence de l'intervention rapide du président Paul Kagame à ce moment critique, la lutte pour la libération aurait pu échouer, l'armée ayant alors perdu son commandant.
Le général (Rtd) Fred Ibingira a quant à lui souligné que la décision de Paul Kagame de reprendre en main le commandement constitua un tournant décisif qui mena finalement à la victoire. " Il nous a trouvés à Kagitumba, chacun cherchant un moyen de fuir à nouveau [â¦] la guerre nous avait submergés. Lorsqu'il arriva, il trouva tout le monde les yeux grands ouverts, découragé et démoralisé ", a-t-il raconté.

Le Président Kagame lui-même a rappelé l'état dans lequel il a trouvé les soldats, le qualifiant de l'un des pires moments de sa vie, aux côtés du génocide contre les Tutsi.
Selon le livre " A Thousand Hills : Rwanda's Rebirth and the Man Who Dreamed It " de Stephen Kinzer, Paul Kagame fut profondément bouleversé par la scène qu'il découvrit sur le champ de bataille. Dans des entretiens accordés en 2006 et 2007, il confia : " Tout était complètement désorganisé. La première scène que j'ai vue était sans doute la pire de ma vie, avec le génocide ; ce sont des événements qui ont profondément marqué mon esprit et probablement changé ma vie à jamais. Ils ne disparaissent jamais, je vis avec eux. "
Il ajouta avoir immédiatement convoqué les commandants pour décider de la poursuite de la guerre : " Ils étaient terriblement démoralisés, et ce terme est même un euphémisme. Ils ne réfléchissaient même pas. C'était une dévastation. "
Le livre " The Struggle for Liberation : War and Militarism in African History " de John Burton Kegel souligne que plusieurs raisons indiquaient que Paul Kagame était le seul capable de restaurer la confiance de l'armée et de maintenir vivante la lutte pour la libération. Son expérience dans le renseignement militaire ougandais lui offrait un accès à des informations cruciales que les autres ne pouvaient obtenir, un avantage déterminant pour la campagne du Front patriotique rwandais (FPR-Inkotanyi) et de sa branche armée, l'APR.

Par ailleurs, Paul Kagame jouissait déjà d'une solide réputation au sein de l'armée ougandaise. Le lieutenant-général (Rtd) Caesar Kayizari a rappelé que " même dans la NRA, on disait : 'Si Kagame est arrivé, tout sera réglé.' "
En outre, le retour de Paul Kagame des États-Unis marqua un tournant stratégique : l'APR abandonna la guerre conventionnelle pour adopter la guérilla et la guerre mobile. Le général (Rtd) Kabarebe expliqua : " Au début, nous menions une guerre conventionnelle, combattant presque comme des terroristes. Les forces d'Habyarimana prenaient position sur les collines avec des canons antiaériens, des mitrailleuses, des tanks, des embuscades et un soutien aérien, tandis que nous avancions avec nos armes légères. Beaucoup mouraient. "
Les nouvelles tactiques incluaient des attaques éclairs et mobiles, frappant l'ennemi là où il s'y attendait le moins, de nuit comme à l'aube, semant la confusion et maximisant l'efficacité. La première opération selon cette stratégie fut l'attaque de Gatuna, au début de novembre, dirigée par le colonel (Rtd) Twahirwa Ludovic, alias Dodo. Cette offensive renforça fortement le moral des troupes, notamment celui des nouvelles recrues n'ayant pas connu le chaos des premiers jours.

IGIHE