
Ainsi en va-t-il du mimétisme laborieux auquel se livrent aujourd'hui les Tshisekedi. Le président Félix, dans un effort visible et pourtant vain, s'évertue à emprunter les inflexions, la verve et la posture du maréchal Mobutu. Ce tribun autoritaire dont la parole, à défaut d'être juste, savait être puissante, et dont la gestuelle incarnait une certaine majesté de l'État. Mais là où Mobutu fascinait, Tshisekedi bredouille ; là où le Léopard maniait le verbe comme une arme politique, l'actuel chef de l'État s'enferme dans un théâtre d'imitations sans souffle, décalé d'une époque et d'un style qui ne sont plus les siens.
Le mimétisme devient caricature lorsqu'il s'étend à la descendance. Anthony Tshisekedi, héritier de sang plus que d'esprit, se comporte comme si la République démocratique du Congo relevait de son patrimoine familial, et non de la souveraineté d'un peuple. Il foule les principes républicains avec cette désinvolture hautaine propre aux 'fils de...', persuadés que la proximité du pouvoir vaut immunité.
Mais l'histoire a déjà parlé pour ces figures éphémères : souvenons-nous de Kongolo Mobutu, que l'on surnommait " Saddam " tant son arrogance égalait sa brutalité. Ce prince déchu terrorisait par le geste et par le regard, croyant que le nom paternel le rendait éternel. Pourtant, le régime s'écroula, et avec lui l'illusion d'une dynastie. L'ancien 'Saddam' mourut en exil, au Maroc, loin de cette terre qu'il croyait posséder.
Anthony Tshisekedi ferait bien de méditer ce précédent. Le pouvoir de son père n'est pas un héritage, mais un mandat éphémère. Trois ans, à peine, et déjà la légitimité s'effrite sous le poids des excès, des promesses trahies et des outrances d'un entourage qui confond service et jouissance. Les temps ont changé : l'arrogance princière, qui jadis se drapait d'une certaine théâtralité, se réduit désormais à une maladresse sans noblesse. Là où Mobutu imposait un imaginaire fût-il despotique, les Tshisekedi n'offrent que le simulacre d'un style, sans la substance, sans la grandeur, sans le moindre souffle d'histoire.
Les noms des puissants passent comme les saisons ; seule demeure la mémoire des humiliations infligées au peuple. Anthony Tshisekedi devrait savoir que les palais ne protègent qu'un temps, et que le peuple congolais, silencieux mais lucide, consigne chaque abus, chaque geste d'arrogance, chaque violence gratuite. Lorsque le pouvoir se retire, il ne reste plus que la nudité morale de ceux qui l'ont mal exercé.
Qu'il y prenne garde : l'arrogance des héritiers, quand elle s'unit à l'amnésie des puissants, enfante les révolutions. Le Congo brûle déjà de trop d'injustices pour y ajouter le feu de la vanité. Il est encore temps, pour ceux qui se croient princes, d'apprendre la gravité de l'humilité seule couronne que l'histoire ne renverse pas.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Le-mimetisme-chez-les-Tshisekedi.html