
" Tout a commencé quand Kinshasa a officialisé son flirt avec les milices locales en les intégrant sous l'étiquette patriotique de " wazalendo ". Armées ; légitimées ; cajolées, elles devaient incarner l'âme populaire du combat. Mais, surprise : les " enfants terribles " se sont retournés contre le père nourricier, transformant Uvira en champ de bataille.
Comme quoi, marier l'armée nationale à des groupes armés, c'est s'exposer à voir la lune de miel tourner au bain de sang.
Un porte-parole en mode prière
La scène la plus pitoyable est venue du général Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, suppliant les milices de " ne pas faire le lit de l'ennemi ".
Visiblement, le général confond son pupitre avec une chaise de prêtre et son communiqué avec un sermon dominical. À ce rythme, on s'attend presque à voir l'armée congolaise entonner des cantiques pour implorer ses propres supplétifs. "
L'image est édifiante : un État qui arme ses fossoyeurs, leur confère des privilèges, puis les implore de ne pas l'enterrer trop vite. Comme un pompier distribuant de l'essence aux pyromanes avant de leur demander gentiment de souffler moins fort sur les flammes. Résultat : des cadavres dans les rues, des blessés abandonnés, une population prise en otage de cette farce tragique.
Pendant ce temps, les élites congolaises, imperturbables, observent le désastre comme un feuilleton dont on connaît déjà la fin. Réformes ? Autocritique ? Rien. Le pays s'enfonce dans un chaos désormais institutionnalisé, nourri exclusivement de haine, de corruption et de cynisme.
Aux yeux du monde, Kinshasa s'exhibe dans son plus simple appareil : un pouvoir sans autorité â" seulement des prières. La souveraineté congolaise ressemble désormais à un sketch mal ficelé : un gouvernement qui implore, une armée qui bafouille et des milices qui paradent en maîtres du terrain.
Comme toujours, c'est le peuple congolais qui trinque. Ballotté entre calculs d'élites corrompues et anarchie des armes, il paye le prix fort d'une tragédie qui, ironie suprême, vire de plus en plus à la comédie noire.
Au bout du compte, l'histoire retiendra peut-être moins les défaites militaires que la scène grotesque d'un État réduit à supplier ses propres milices de se montrer " raisonnables "


IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/RDC-Quand-le-gouvernement-supplie-ses-propres-milices-de-se-calmer.html