
Or, il ne s'agit pas de simples maladresses verbales : derrière cette construction fallacieuse se dissimule une tentative délibérée de détourner le regard de la communauté internationale du rôle actif joué par Kinshasa dans l'instigation et l'entretien des violences à caractère ethnique.
La responsabilité première de l'État congolais
La République démocratique du Congo compte aujourd'hui plus de 250 groupes armés. Selon les données onusiennes, 85 % des armes employées par ces factions proviennent directement des circuits d'approvisionnement de l'État congolais lui-même. Ces milices sont responsables d'atrocités d'une barbarie insoutenable : lynchages, massacres collectifs, actes de cannibalisme.
Que, dans un tel contexte, les autorités de Kinshasa se comportent moins en gouvernants responsables qu'en activistes émotifs, multipliant les accusations sans fondement et usant du chantage à l'égard des agences internationales, relève d'une imposture d'État.
Cette stratégie, devenue une véritable tradition diplomatique congolaise, vise à dissimuler l'évidence : la responsabilité première de l'État congolais est de protéger l'ensemble de ses citoyens et de restaurer son autorité sur un territoire désormais morcelé par l'anarchie armée. La manipulation systématique des identités ethniques à des fins de calcul politique, jointe à une corruption institutionnalisée qui appauvrit méthodiquement le peuple, constitue le ferment de la crise persistante.
Tant que ces racines ne seront pas arrachées, la RDC demeurera prisonnière d'une spirale de violence et d'impunité.
Le piège grossier du " génocost "
À cette mystification s'ajoute une invention lexicale aussi absurde que dangereuse : le soi-disant " génocost ", présenté comme une forme de génocide économique. Cette rhétorique, d'une indigence intellectuelle manifeste, vise à occulter les véritables projets criminels de ceux qui, sous couvert d'arguments économiques, uvrent à la disparition des Tutsi congolais.
L'exil forcé de cette communauté, l'extermination de ceux qui refusent de renoncer à leurs terres et à leurs pâturages, la destruction systématique de leurs troupeaux, ressource vitale et socle de leur survie économique, relèvent bel et bien d'une stratégie d'asphyxie délibérée.
Il ne s'agit pas d'un hasard, mais d'une entreprise programmée pour les réduire à la misère, les dépouiller de toute ressource et, in fine, les contraindre à grossir les rangs des réfugiés dans les pays limitrophes. Nier cette réalité au profit de constructions rhétoriques comme le " génocost " constitue une insulte aux victimes et une tentative de falsification de l'histoire.
L'exigence de rigueur et d'éthique
En invitant un panel marqué par une partialité criante, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies s'expose à une perte de crédibilité dont les conséquences seraient incalculables. Il est urgent de rappeler que la gravité de la situation congolaise impose des standards élevés : la rigueur méthodologique, l'examen scrupuleux des faits et une éthique irréprochable dans la dénonciation des violences. Seule une telle exigence permettra de déjouer les manipulations d'un État qui, trop souvent, cherche à transformer ses propres turpitudes en arguments diplomatiques.
Ainsi, Genève ne peut devenir la tribune des mensonges officiels de Kinshasa. Elle doit rester l'enceinte où s'exprime, avec force et exigence, la vérité des victimes et l'irréfragable principe de la responsabilité des États envers leurs citoyens.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Les-mensonges-officiels-de-Kinshasa-exposes-a-Geneve.html