La souveraineté à l'épreuve de la sécurité #rwanda #RwOT

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Loin des discours convenus et des postures purement défensives, il a esquissé une vision exigeante, éthique et prospective du rôle des dirigeants africains dans un monde en recomposition.

Le propos présidentiel, à la fois sobre et pénétrant, se détache d'entrée de jeu des clichés qui confondent sécurité et simple absence de menace. En rappelant que le véritable mandat du pouvoir politique ne saurait se réduire à la mise en place d'un dispositif de défense passif.

Le chef de l'État rwandais exhorte à un exercice actif et fondateur de la responsabilité. Il s'agit, selon lui, de forger les conditions d'une vie digne, enracinée dans la stabilité, mais tendue vers l'avenir, un avenir habitable, éclairé par la confiance et irrigué par l'espérance. La sécurité, dans cette acception élargie, devient non plus un état de fait précaire, mais un projet politique durable, au service de l'humain dans sa totalité.

Ce glissement sémantique et conceptuel est lourd de conséquences. Il rappelle implicitement que les violences structurelles, pauvreté endémique, marginalisation sociale, inégalités criantes, sont autant de menaces pour la sécurité collective que les conflits armés ou les ingérences étrangères.

Dans cette perspective, sécuriser un pays, c'est autant assurer l'intégrité de ses frontières que garantir à chaque citoyen l'accès à des conditions de vie justes, équitables et protectrices.

Mais c'est surtout dans sa définition de la souveraineté que le président Kagame atteint une profondeur particulièrement féconde. Il récuse avec vigueur une conception archaïque de la souveraineté, entendue comme simple prérogative territoriale. En affirmant que " la souveraineté n'est pas uniquement et exclusivement la défense des frontières ", il invite les États africains à sortir du fétichisme géopolitique pour entrer dans l'ère de la souveraineté comme responsabilité.

Cette responsabilité, qui incombe aux gouvernants, consiste à veiller à la sécurité non pas seulement des lignes cartographiques, mais des personnes réelles, des corps et des vies, des biens et des mémoires.

Il y a là un renversement paradigmatique salutaire. Dans un continent encore marqué par les séquelles du colonialisme, les injonctions des puissances extérieures, les fragilités institutionnelles et les dérives autoritaires, rappeler que la souveraineté véritable réside dans le soin apporté à la vie des citoyens est un acte politique de haute teneur.

C'est poser que l'État n'est pas un bastion d'impunité mais un organe de responsabilité ; que la force ne se mesure pas à la puissance militaire, mais à la capacité d'édifier une société fondée sur la dignité.

Cet appel, venu du cœur de l'Afrique des Grands Lacs, ne s'adresse pas uniquement aux Africains. Il résonne comme une interpellation universelle à repenser la sécurité comme bien commun, et la souveraineté comme devoir moral. En ces temps troublés où les populismes régressifs côtoient les replis identitaires et les conflits asymétriques, Kigali nous rappelle que la grandeur d'une nation ne se mesure pas à la hauteur de ses murs, mais à la profondeur de ses engagements humains.

Ainsi, loin des rhétoriques belliqueuses ou des rhumes diplomatiques, cette Conférence sur la sécurité en Afrique aura permis de poser les jalons d'une pensée neuve, affranchie des modèles importés, enracinée dans les réalités locales mais ouverte à l'universalité des valeurs.

Une pensée où sécurité et souveraineté cessent d'être des armes de pouvoir pour devenir des instruments de justice.

Il appartient désormais aux dirigeants du continent et au-delà, de ne pas laisser ces mots retomber dans le silence des salles de conférence, mais de les inscrire dans l'architecture des politiques publiques et des choix stratégiques. Car là où la parole politique épouse la vérité des peuples, alors, et alors seulement, naît une souveraineté authentique.

La Conférence internationale sur la sécurité en Afrique (CISA), se tient du 19 au 20 mai 2025, à Kigali
Le Président Kagame a appelé à repenser profondément la sécurité et la souveraineté en Afrique
Moussa Faki Mahamat, ancien président de la Commission de l'UA, a souligné que l'Afrique doit impérativement prévenir toute menace pesant sur la paix
Les dirigeants du continent et d'ailleurs sont appelés à effectuer des actions concrètes et à produire des résultats tangibles

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-souverainete-a-l-epreuve-de-la-securite.html

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