Quand la justice se fait complice du mal : La liberté sous l'ombre des discours de haine #rwanda #RwOT

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Ces paroles, proférées par ceux qui détiennent le pouvoir, ces gardiens de la loi et de la paix, se transforment en armes redoutables, que l'on brandit pour diviser et écraser. Quand un ministre de la justice, en principe le garant de l'équité et de la loi, incite publiquement au meurtre, quand un chef d'Etat désigne une communauté comme "infiltrée", quand des élus, censés représenter les citoyens dans leur diversité, se laissent aller à des discours de haine, l'alarme devrait sonner.

L'histoire, avec ses cicatrices, nous rappelle la terrible puissance de la parole, de la parole mal utilisée, et pourtant, là où la vérité devrait résonner, un silence pesant se fait entendre.

Les organisations des droits humains, ces phares qui éclairent les ténèbres de l'injustice, semblent parfois se perdre dans l'indifférence, absentes là où leur voix devrait être la plus forte.

Qu'adviendrait-il, si nous laissions la parole des puissants se transformer en incitation à la violence, à la division, et à la peur ? La justice ne serait-elle plus qu'un mirage, une illusion, un concept vidé de son sens profond ? Les paroles des dirigeants, au lieu de promouvoir la paix, la dignité et la fraternité, deviennent des appels à l'anathème, des encouragements à la déshumanisation de l'autre.

L'incitation au meurtre : Quand la loi se tait

Il est un paradoxe effroyable, un vertige auquel nous ne pouvons échapper : comment un ministre, une personne investie du pouvoir de protéger la société, peut-elle inciter à la violence, non seulement par ses mots, mais aussi par l'impunité qu'il accorde à ses discours ?

Quand la justice, qui devrait être le rempart contre l'injustice, devient elle-même l'alliée de la haine, l'impensable devient possible. Car derrière chaque mot de violence, il y a la semence du mal. Le ministre de la justice, en se faisant le porte-parole d'une incitation publique au meurtre, ne transgresse pas seulement la loi qu'il est censé incarner, mais il la détruit, il la souille. La justice, à ce moment-là, devient un outil de domination, un instrument de terreur.

Mais ce ne sont pas là des paroles isolées. Lorsque le chef d'État, lui aussi, désigne une communauté comme "infiltrée", ce mot, si lourd de signification, résonne comme une condamnation collective.

Il n'y a plus de place pour la nuance, plus de place pour l'individualité, chaque membre de cette communauté devient suspect, devient une cible. Ce n'est plus de la politique, c'est de la manipulation.

L'histoire regorge de ces moments où un peuple tout entier est désigné comme l'ennemi, comme la menace, parce qu'il incarne une autre culture, une autre identité, une autre vérité. Ce discours de division, de rejet, devient la semence d'un conflit qui détruira tout sur son passage.

Le silence des témoins : Une complicité silencieuse

Mais ce qui rend cette situation encore plus terrifiante, c'est l'absence, le silence, des entités qui, normalement, devraient être les garantes de la protection des droits humains. Où sont les voix des organisations internationales ? Où sont celles des défenseurs des droits humains, qui, dans ces moments où les discours de haine prennent vie, devraient s'élever, dénoncer, alerter ?

Pourquoi ce silence ? Peut-on encore parler de droits humains lorsque ceux-ci sont piétinés sous les talons des puissants et que ceux qui devraient les défendre se ferment les yeux, se taisent, se compromettent dans l'inaction ?

Le silence des témoins devient, en soi, une forme de complicité. Il devient le terreau fertile où la haine et la violence prospèrent sans obstacle. C'est un silence qui tue, un silence qui approuve, un silence qui, par son inertie, permet à l'injustice de croître.

Quand un ministre de la justice prône l'incitation au meurtre

Il est une vérité qui frappe, cruelle et sans appel : quand un ministre de la justice, en toute impunité, incite publiquement au meurtre, nous sommes bien loin de la mission pour laquelle il a été investi.

Un ministre de la justice devrait être celui qui protège les citoyens, celui qui veille à l'application des lois, celui qui garantit que la loi est égale pour tous. Mais lorsqu'un tel individu utilise sa position pour légitimer la violence, pour encourager des actes qui frappent le cœur même de la société, c'est la confiance dans les institutions qui s'effondre. La justice se fait alors complice de l'oppression, elle devient la main qui frappe au lieu de protéger.

Ce n'est pas un cas isolé, mais un symptôme d'un phénomène plus large, celui d'un discours politique qui se fait violence, qui se fait manipulation, qui se fait incitation. La politique n'est plus alors un terrain de débat, un espace de dialogue, mais un champ de bataille où l'on cherche à anéantir, à détruire l'autre, en transformant la parole publique en un cri de guerre.

La prise en charge : S'unir face à la tempête

Dans ce contexte de dévoiement des institutions, de manipulations politiques et de silences complices, il ne reste que la décision de se prendre en charge. Car, il est une chose qui échappe toujours à ceux qui cherchent à opprimer, à ceux qui croient pouvoir manipuler la vérité et la justice : c'est la résilience humaine. C'est le pouvoir de l'individu et de la communauté de se lever contre l'injustice, de refuser la violence, de refuser la haine.

Nous devons, en tant qu'individus, en tant que société, reprendre la main. Ce n'est pas un acte de rébellion aveugle, mais un acte de courage, un acte de responsabilité collective. Ce n'est pas l'oubli ni la passivité qui sauveront l'humanité de ses propres démons, mais l'action, le refus catégorique de se laisser entraîner dans la spirale de la violence.

Se prendre en charge, c'est se soulever contre les discours qui détruisent, c'est être la voix de ceux que l'on cherche à faire taire, c'est être le rempart contre la déshumanisation et la terreur.

Ce n'est pas seulement un combat juridique, ni un combat politique, c'est un combat moral. Il appartient à chacun de nous de préserver l'humanité dans ce qui reste de justice et de dignité.

Quand les institutions échouent, c'est à la société civile de rétablir l'ordre des valeurs, de se réapproprier la parole, de redonner au discours son rôle libérateur, et non destructeur. C'est dans l'unité, dans la solidarité, dans la conscience collective que nous pouvons restaurer ce qui a été brisé, en nous et autour de nous.

Une liberté à reconquérir

Là où la justice devient complice, là où la parole des dirigeants incite à la violence, là où les défenseurs des droits humains se taisent, il n'y a plus de place pour l'illusion. Il n'y a plus de place pour l'espoir passif.

Il est temps de se lever, de résister, de se prendre en charge, non seulement pour nous-mêmes, mais pour les générations futures. Car, si nous laissons ces dérives continuer, si nous acceptons que la violence soit légitimée sous couvert de discours politiques, nous condamnons non seulement notre présent, mais aussi notre avenir. La justice, cette flamme fragile et précieuse, ne pourra briller que si nous l'entretenons avec courage, avec détermination, et avec amour pour l'humanité. Se prendre en charge, c'est ainsi la première étape d'une reconquête.

Quand la justice, qui devrait être le rempart contre l'injustice, devient elle-même l'alliée de la haine, l'impensable devient possible.

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Quand-la-justice-se-fait-complice-du-mal-La-liberte-sous-l-ombre-des-discours.html

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