Le rassemblement a débuté à la Hamilton City Hall, où plusieurs intervenants ont pris la parole pour rendre hommage à Kabera et appeler à la transparence dans l'enquête. Le cortège a ensuite défilé vers le poste de police local, sur King William Street, un lieu symbolique de la protestation.
Ruth Rodney, présidente du regroupement des Canadiens d'origine africaine et des Caraïbes, a exprimé toute sa consternation : " Une personne qui est arrivée au Canada il y a 20 ans à la recherche de sécurité et de meilleures conditions de vie, portant encore les cicatrices du génocide contre les Tutsi, ne mérite pas que sa vie se termine ainsi. "
Les manifestants ont scandé des slogans tels que " Justice pour Erixon " et " Pas de justice, pas de paix ", soulignant leur quête de réponses claires concernant les circonstances de la mort de Kabera.
Erixon Kabera, issu de la communauté rwandaise vivant au Canada, a été tué par balle par la police d'Hamilton après qu'un voisin ait signalé la présence d'un homme armé dans leur quartier. Selon la police, un échange de tirs a eu lieu, faisant des blessés parmi les forces de l'ordre et l'homme qu'ils recherchaient. Cependant, les détails précis de l'incident sont encore flous.
Le chef de la police de Hamilton a reconnu qu'il subsistait de nombreuses questions sans réponse concernant l'issue fatale de cette fusillade. Dans un communiqué, il a présenté ses condoléances à la famille de Kabera et à la communauté rwandaise, tout en affirmant sa confiance dans l'enquête menée par l'unité d'enquête spéciale (SIU), chargée de déterminer les circonstances exactes de la fusillade.
" Je sais qu'il reste beaucoup de questions sans réponse et je suis confiant que l'unité d'enquête spéciale apportera des réponses en temps voulu, de manière transparente, " a-t-il déclaré.
Le SIU avait indiqué que les policiers avaient échangé avec l'individu avant que deux policiers ne tirent, blessant l'homme. Cependant, une mise à jour ultérieure a précisé qu'il n'y avait eu aucune preuve que Kabera ait tiré avec une arme à feu, sans pour autant clarifier s'il était effectivement armé.
Cette ambiguïté a alimenté la colère et les revendications de justice de la part de la famille et de la communauté. Yves Ikobe, un proche de Kabera, a exprimé sa douleur : " Nous avons besoin que justice soit rendue à notre frère, car il ne méritait pas ce qui lui est arrivé. "
L'incident a également suscité des réactions politiques. Les députés canadiens Matthew Green et Sarah Jama ont exprimé leur soutien à la famille de Kabera et ont condamné l'usage de la force par la police. Dans un communiqué commun, ils ont dénoncé " l'usage excessif de la force policière " et exigé que toute la vérité soit révélée.
" Sa mort est le résultat d'une bavure policière. Nous nous associons à la famille pour exiger justice et vérité, " ont-ils déclaré, ajoutant que les informations fournies par la police d'Hamilton avaient été démenties par l'enquête du SIU.
En réponse aux déclarations des députés, le chef de la police d'Hamilton a tenu à clarifier que " la police d'Hamilton n'a jamais publié d'informations concernant un échange de tirs. Toutes les informations communiquées proviennent du SIU et sont liées à l'enquête en cours. "
Les funérailles d'Erixon Kabera auront lieu au Rwanda le samedi 16 novembre 2024, un événement marqué par la tristesse et la colère de ses proches, qui espèrent que la lumière sera faite sur les circonstances de sa mort. La communauté rwandaise vivant au Canada continue de réclamer justice pour un homme qui, selon eux, ne méritait pas un tel sort.
L'enquête sur la mort d'Erixon Kabera continue d'alimenter les débats sur la police et l'usage de la force, et la famille espère que des réponses claires et un traitement équitable seront apportés pour cette tragédie.
Alain Bertrand Tunezerwe