Les réunions organisée à Kigali du 6 au 9 novembre 2024, visent à discuter de la prévention des génocides, des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et de la promotion de la réconciliation, Nderitu a pris un moment pour évoquer les événements en cours au Soudan, notamment en lien avec les femmes de ce pays, soulignant qu'une analyse approfondie de la situation est nécessaire.
" Au Soudan, chaque indice actuel pointe vers un génocide. Bien que je ne dispose pas de l'autorité pour déclarer officiellement qu'un génocide est en cours, je peux affirmer que les risques sont élevés, car seule une juridiction compétente a le pouvoir de prononcer une telle déclaration ", a-t-elle précisé.
L'ambassadeur du Soudan au Rwanda, Khalid Musa Dafalla Musa, a apporté son éclairage sur le conflit en cours, soulignant que la guerre qui ravage le pays depuis avril 2023 découle principalement d'une lutte pour le pouvoir. Selon lui, cette guerre trouve ses racines dans la période de transition politique qui a suivi la chute du président Omar al-Bashir en 2019.
" Cette guerre a été déclenchée par une volonté injustifiée de prendre le pouvoir. La principale cause de cette crise réside dans le processus de transition politique qui a débuté après le renversement d'Omar al-Bashir ", a expliqué l'ambassadeur.
Dafalla Musa a détaillé les origines de la guerre en cours, qui dévaste le peuple soudanais. Après la chute du régime de Bashir, un cadre juridique avait été mis en place pour gérer la transition, avec un gouvernement d'union composé de civils et de militaires. Cependant, dès l'entrée dans cette phase de transmission du pouvoir, des tensions sont apparues, notamment en raison de l'unification des armées du pays.
Le RSF (Forces de soutien rapide), un groupe paramilitaire de plus de 150 000 hommes, a rejeté l'accord visant à intégrer ses troupes dans les forces armées régulières, alimentant ainsi le conflit. " Le RSF dispose de fonds, de soutiens internationaux, et de puissantes capacités politiques et sociales au Soudan. Le groupe a refusé de suivre l'accord de transition et a ainsi exacerbé les tensions ", a-t-il ajouté.
L'année 2018 a été particulièrement difficile pour les Soudanais, marquée par un chômage élevé, une pauvreté grandissante et une inflation galopante. Les prix des biens essentiels ont augmenté de plus de 62 %, ce qui a aggravé la situation économique déjà précaire. Cette crise s'est intensifiée après la sécession du Soudan du Sud en 2011, ce qui a entraîné la perte de 25 % des réserves pétrolières du pays, qui sont désormais contrôlées par le Soudan du Sud.
Le point de rupture majeur a eu lieu lorsque l'armée soudanaise a cherché à intégrer le RSF dans ses forces régulières. Le général Mohammed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hemedti, leader du RSF, a refusé cette initiative. Ce rejet a conduit à une tentative de coup d'État qui a échoué, ce qui a déclenché une violente confrontation entre le RSF et l'armée régulière soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan.
Le RSF, formé en 2013 par l'ex-président soudanais Omar al-Bashir et composé principalement d'anciens membres des Janjawid, un groupe paramilitaire tristement célèbre pour sa brutalité, a joué un rôle central dans l'intensification du conflit.
La communauté internationale continue de suivre de près les événements au Soudan, où les risques d'escalade en un génocide sont réels. Alice Wairimu Nderitu a appelé à une vigilance accrue et à une analyse approfondie des événements sur le terrain, tout en rappelant que seul un tribunal compétent peut qualifier un événement de génocide. Les Nations unies et d'autres acteurs internationaux devront probablement jouer un rôle crucial dans la recherche d'une solution durable à cette crise qui menace d'avoir des conséquences catastrophiques pour la population soudanaise.
Alain Bertrand Tunezerwe
Source : https://fr.igihe.com/Alice-Wairimu-Nderitu-conseillere-speciale-de-l-ONU-evoque-les-risques-de.html