La paralysie de l'État et l'épuisement du possible #rwanda #RwOT

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La République démocratique du Congo semble aujourd'hui enfermée dans cette impasse tragique où tout devient difficile, non par fatalité, mais par l'accumulation de renoncements, de calculs hasardeux et de ruptures mal assumées.

Dialoguer est devenu ardu, tant la parole publique a perdu sa crédibilité ; faire la guerre l'est tout autant, tant l'État a affaibli ses propres instruments de défense ; demander l'aide extérieure relève désormais de l'humiliation, tant la diplomatie s'est vidée de substance et de constance.

La difficulté s'étend à tous les registres : difficile de faire la paix avec Moïse Katumbi, de demander pardon à Joseph Kabila, de renouer les alliances d'hier, de faire revenir Jean-Marc Kabund, même de réparer les blessures infligées à Vital Kamerhe.

Chaque porte fermée hier devient aujourd'hui un mur infranchissable. Modifier la Constitution apparaît comme une fuite en avant périlleuse ; réorganiser l'armée, pourtant urgence vitale, se heurte à l'absence de confiance et de cap stratégique ; signer un nouvel accord n'inspire plus ni espoir ni foi, tant les précédents ont été vidés de leur sens.

A cette crise politique s'ajoute une faillite structurelle : difficile de mettre fin à la corruption devenue systémique, d'assainir Kinshasa livrée à l'insalubrité chronique, d'achever les projets mêmes du parti au pouvoir, révélant l'épuisement d'un projet politique incapable de se matérialiser.

Même la gestion du temps démocratique se grippe : organiser des élections devient un défi presque insurmontable, tant la confiance populaire s'est érodée et tant les institutions chargées de les encadrer sont contestées. L'État semble prisonnier de ses propres contradictions, incapable d'avancer, incapable de reculer.

L'angoisse collective et l'effondrement de l'espérance

Lorsque tout devient difficile au sommet de l'État, c'est la société entière qui bascule dans l'inquiétude. Difficile de dialoguer avec l'AFC/M23, de libérer les prisonniers politiques, d'ouvrir les banques, de parler d'une diplomatie dite " agissante " quand les faits la contredisent quotidiennement.

Difficile, enfin, de demander pardon à la CENCO, cette conscience morale qui rappelle sans relâche au pouvoir ses devoirs envers le peuple et l'histoire. Même les arrangements les plus cyniques, ou la restitution de privilèges économiques contestés peinent désormais à masquer la vacuité de la gouvernance.

L'horizon se bouche, et avec lui l'espérance collective. Difficile de fuir, même de dormir en paix. Les Congolais, lucides et désabusés, n'attendent plus des lendemains chantants : ils font des provisions, non par prudence ordinaire, mais par instinct de survie, conscients que demain est devenu profondément incertain.

Cette angoisse diffuse est le symptôme le plus grave de l'échec politique : lorsque le peuple cesse de croire en l'avenir, c'est que l'État a failli dans sa mission la plus essentielle.

Ainsi, la multiplication des " difficiles " n'est pas une simple litanie de plaintes : elle est le diagnostic implacable d'un pouvoir arrivé à saturation, prisonnier de ses ruptures, de ses exclusions et de ses reniements.

Quand tout devient difficile, c'est que le choix fondamental a été manqué. Et lorsque l'avenir se ferme, il ne reste plus au peuple que la lucidité, la solidarité et la vigilance pour traverser l'incertitude et préserver, coûte que coûte, l'idée même de la nation.

La RDC semble aujourd'hui bloquée dans une impasse tragique, résultat de renoncements, de calculs hasardeux et de ruptures mal assumées

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-paralysie-de-l-Etat-et-l-epuisement-du-possible.html

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