
La participation du gouvernement congolais aux assises organisées par la Fondation Thabo Mbeki à Johannesburg du 3 au 6 septembre 2025 a été présentée comme inopportune par son porte-parole.
Or, tandis que le pouvoir s'emploie à donner de lui-même l'image flatteuse d'un acteur responsable et engagé dans la quête de la paix africaine, il se rend coupable, dans le même mouvement, d'un verrouillage systématique des voix discordantes.
L'empêchement réitéré d'opposants politiques et de représentants de la société civile à prendre part à ce forum de haute tenue intellectuelle et diplomatique ne constitue pas un simple incident administratif ; il révèle, avec une acuité saisissante, la profonde contradiction entre le discours officiel et la pratique réelle du pouvoir.
Ce déni d'accès à un espace de réflexion conçu pour confronter les idées et esquisser des solutions collectives aux défis du continent, loin d'être anodin, jette une ombre lourde et indélébile sur la sincérité proclamée du régime, et trahit une peur latente : celle de voir surgir, au grand jour, des voix capables d'ébranler l'illusion d'un consensus factice.
Que redoute donc le pouvoir de Félix Tshisekedi, sinon la confrontation pacifique des idées ? Les initiatives de la Direction Générale de Migration, allant jusqu'à confisquer le passeport diplomatique de l'ancien député Jean-Claude Kibala, ou encore à bloquer le voyage de Jean-Marc Kabund et de l'équipe de Matata Mponyo, traduisent moins une stratégie de sécurité qu'un réflexe d'étouffement.
Or, un espace de dialogue comme celui impulsé par l'ancien président sud-africain ne constitue nullement une arène de violence physique, mais bien un forum d'échanges intellectuels, un lieu d'élaboration collective de solutions africaines aux crises qui ensanglantent le continent.
Une démocratie de façade face à l'épreuve du pluralisme
En s'acharnant à réduire au silence ses opposants dans de tels contextes, le régime congolais se présente comme réfractaire à l'épreuve élémentaire du pluralisme. Le refus d'accorder le droit de parole à ceux qui, tout en étant citoyens congolais à part entière, portent une voix divergente, ne traduit pas la force mais la fragilité d'un pouvoir qui doute de sa propre légitimité.
Les assises de Johannesburg auraient pu être l'occasion, pour la classe politique congolaise, de montrer au monde que la République démocratique du Congo peut transcender ses querelles internes pour participer dignement à la réflexion collective sur la paix et la sécurité.
Au lieu de cela, l'obsession du contrôle a transformé cette opportunité en révélateur d'une démocratie de façade, où l'ouverture proclamée se heurte à la crainte viscérale du débat contradictoire.
En définitive, ce verrouillage témoigne d'un régime qui, loin de consolider le processus démocratique, l'expose aux soupçons d'autoritarisme. La peur du dialogue devient alors le miroir d'une faiblesse politique : celle de refuser de voir dans la pluralité des voix non pas une menace, mais une richesse indispensable à la construction d'une paix durable.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/L-obsession-du-controle-et-la-peur-du-dialogue-de-Tshisekedi.html