
Emmanuel Macron, contraint de " prendre acte " de cet échec, a annoncé la nomination imminente d'un nouveau Premier ministre. Mais chacun perçoit déjà que ce changement de visages ne saurait suffire à conjurer la gravité d'une crise qui ronge l'État, la société et l'économie françaises jusque dans leurs fondements.
L'heure de vérité pour la France
Dans son ultime discours devant les députés, François Bayrou a livré un constat brutal : " le pronostic vital de la France est engagé ". Cette formule, si elle choque par sa radicalité, n'en exprime pas moins la vérité nue : le pays s'avance dangereusement vers un point de rupture.
Les politiques menées depuis des décennies, oscillant entre réformettes cosmétiques et ajustements de façade, ont soigneusement évité d'affronter les fractures structurelles : désindustrialisation accélérée, perte de compétitivité, effritement du lien social, effondrement de la confiance citoyenne dans la parole publique.
Aujourd'hui, la France se retrouve rattrapée par l'ampleur des défis qu'elle s'est trop longtemps refusée à regarder en face.
L'impasse des divisions partisanes
L'heure est grave, mais le sentiment qui domine est celui d'une impuissance accablante. Faute de courage politique, les responsables se contentent de colmater à la hâte des brèches qui ne cessent de se rouvrir. La classe politique, loin de surmonter ses clivages pour élever la nation au-dessus de ses querelles intestines, s'enfonce dans des divisions qui aggravent l'impasse. Le Parlement est devenu le théâtre d'une fragmentation où chacun défend ses intérêts partisans plutôt que le destin collectif. La République se trouve ainsi paralysée au moment même où elle aurait besoin d'une vision claire, d'une volonté ferme et d'unité dans l'action.
Vers quel avenir
La chute du gouvernement Bayrou ne doit pas être perçue comme un simple accident parlementaire, mais comme le révélateur d'une crise systémique. La Vᵉ République, longtemps présentée comme un modèle de stabilité, est aujourd'hui fragilisée par l'épuisement de ses institutions, la défiance citoyenne et la myopie de ses élites.
La France ne peut plus se permettre de différer l'indispensable refondation de son pacte politique et social. Elle doit choisir : soit s'enfoncer dans l'immobilisme qui la mène à l'agonie, soit retrouver l'audace de se réinventer.
L'histoire nous enseigne que les nations qui refusent de se réformer finissent toujours par subir des bouleversements plus douloureux encore. La France est arrivée à ce carrefour de vérité. Reste à savoir si ses dirigeants sauront, enfin, faire preuve du courage que réclame l'heure.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/La-France-a-l-epreuve-de-l-effondrement-politique.html