
Ndikuriyo s'exprimait lors d'un récent point de presse tenu dans le district de Butanyerere, à Buye, consacré à plusieurs questions nationales, notamment la pauvreté généralisée, les pénuries de carburant, le retour des réfugiés, la fermeture des frontières et les perspectives de rétablissement des relations avec le Rwanda.
Interrogé par des journalistes sur une éventuelle réouverture des frontières et sur la restauration des relations bilatérales, Ndikuriyo s'est montré catégorique. Il a affirmé que le Burundi n'était pas prêt à vivre en harmonie avec le Rwanda tant que les auteurs de la tentative de coup d'État de 2015 n'auraient pas été remis à la justice burundaise.
" Le Rwanda doit livrer ceux qui ont tenté le coup d'État. S'il continue de refuser, nous ne reculerons pas, car les Burundais se respectent eux-mêmes et respectent leur dignité ", a-t-il déclaré.
Le Burundi a fermé ses frontières en janvier 2024, après avoir accusé à plusieurs reprises le Rwanda de soutenir le groupe rebelle RED Tabara, à la suite d'une attaque perpétrée dans la zone de Gatumba, à Bujumbura. Le gouvernement du Rwanda avait alors rejeté ces accusations, les qualifiant de mensongères et affirmant n'avoir aucun lien avec un quelconque groupe armé hostile au Burundi.
De son côté, Kigali a également clairement indiqué qu'il ne pouvait pas remettre les individus impliqués dans la tentative de coup d'État, une telle décision constituant une violation du droit international relatif aux réfugiés.
Les relations bilatérales entre le Rwanda et le Burundi se sont fortement dégradées en 2015, lors de la tentative de coup d'État contre Pierre Nkurunziza. Ce putsch, conduit par des militaires dont le général-major Godefroid Niyombare, s'est déroulé alors que Nkurunziza participait à un sommet de la Communauté d'Afrique de l'Est en Tanzanie.
Le 15 mai 2015, les forces loyales à Nkurunziza ont repris le contrôle, poussant Niyombare et d'autres participants au coup d'État â" soldats, policiers et responsables politiques â" à fuir. Le Burundi affirme que beaucoup ont trouvé refuge à Kigali et a réclamé à plusieurs reprises leur extradition, que le Rwanda a refusée pour des raisons juridiques.
Le 10 mars 2025, des responsables des services de renseignement des deux pays se sont rencontrés dans la province de Kirundo pour discuter des questions sécuritaires qui alimentent les tensions. Bien que les pourparlers aient également abordé d'éventuelles pistes de rétablissement des relations, les progrès sont restés bloqués en raison de la posture accusatrice persistante du Burundi à l'égard du Rwanda.
La fermeture de la frontière a fortement perturbé les déplacements et les échanges commerciaux entre les deux pays.
La présence des FDLR complique la réconciliation
Alors que le Burundi concentre son discours sur les accusations portées contre le Rwanda et exige l'extradition des putschistes comme condition préalable à une amélioration des relations, des experts mettent en garde : sa tolérance envers la milice FDLR, impliquée dans le génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda, pourrait constituer un obstacle majeur au rétablissement des relations bilatérales.
La collaboration entre les troupes burundaises et les FDLR est manifeste dans l'est de la RDC, où elles ont opéré aux côtés de l'administration de Kinshasa dans le cadre d'operations visant à neutraliser la coalition rebelle AFC/M23.
Des analystes avertissent toutefois que si des opérations militaires contre les FDLR sont menées dans le cadre de l'accord conclu en juin entre la RDC et le Rwanda, les membres de ce groupe pourraient chercher refuge au Burundi.
Les FDLR demeurent une menace majeure pour la sécurité du Rwanda, ayant contribué à l'instabilité persistante dans l'est de la RDC au cours des trois dernières décennies. Kigali a constamment réaffirmé que tant que ce groupe existera, il maintiendra des mesures défensives pour protéger sa sécurité.

IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/Le-Burundi-maintient-une-position-ferme-sur-ses-relations-avec-le-Rwanda.html