Tshisekedi-Fayulu ou la comédie élevée au rang de cynisme d'État #rwanda #RwOT

webrwanda
0

Officiellement, il s'est agi d'un échange "convivial", destiné à "renforcer la cohésion nationale", selon les mots convenus de Tina Salama, porte-voix attitrée du pouvoir. Mais derrière les sourires de circonstance et les formules aseptisées se profile une réalité autrement plus sombre : celle d'un État fracturé, d'un tissu social délité, et d'une gouvernance qui érige le tribalisme, le clientélisme et la répression en principe directeur.

Car enfin, de quelle "cohésion" ose-t-on encore parler lorsque les communautés sont livrées aux antagonismes les plus délétères, lorsqu'un tribalisme institutionnalisé dicte les nominations, les faveurs, les privilèges ? De quelle unité nationale peut-il être question lorsque l'ancien Président honoraire et ses partisans, ainsi que les figures emblématiques de l'opposition, font l'objet d'une traque méthodique, d'un acharnement judiciaire, et parfois même, d'une disparition pure et simple, comme dans le cas désormais troublant de l'ancien Premier ministre Matata Ponyo, condamné à l'issue d'un procès grotesque, vidé de toute substance juridique ?

Quant à Moïse Katumbi, leader charismatique et seul véritable contrepoids démocratique, il a été contraint, une fois encore, de reprendre le chemin amer de l'exil â€" dans une ambiance politique qui confine à l'asphyxie, où la contestation se paie au prix fort, et où la pluralité démocratique est perçue comme une menace existentielle à l'hégémonie d'un pouvoir désespérément en quête de légitimité.

C'est dans ce contexte que surgit l'appel de Martin Fayulu, lancé le 2 juin à travers les réseaux sociaux, prônant un " dialogue " et un hypothétique " sursaut d'honneur " pour sauver l'unité du pays. Une rhétorique en apparence noble, mais dont le fond trahit un désarmant manque de lucidité. Car si la République démocratique du Congo traverse bien une crise existentielle que nul esprit éclairé ne saurait nier encore faudrait-il en cerner les causes véritables, en mesurer les ramifications profondes, en nommer les responsables.

Ce que ne fait pas Fayulu, dont le discours oscillant entre populisme incantatoire et patriotisme de parade évite soigneusement les analyses structurantes au profit de slogans périmés et de mises en garde creuses contre une "balkanisation" que son propre défaillance intellectuel ne contribue qu'à aggraver.

En vérité, la prétendue réconciliation à laquelle nous assistons n'est rien d'autre qu'un pacte de circonstances, une alliance contre-nature forgée dans l'opportunisme le plus nu, sur fond de faiblesse présidentielle et de vacuité stratégique. Fayulu, longtemps figure de proue de l'opposition intransigeante, semble désormais se rallier à la mangeoire, au moment précis où Tshisekedi apparaît politiquement affaibli, décrédibilisé sur la scène internationale, et en mal de consensus au sein même de sa majorité éparse.

Ce rapprochement tardif, construit sur le sable mouvant des ambitions contrariées, ne saurait produire autre chose qu'une illusion de stabilité, une façade fragile destinée à masquer la dislocation continue des institutions et le désespoir grandissant du peuple.

Fayulu, pourtant bien placé pour connaître les reniements successifs du Président actuel, de l'enterrement du consensus de Genève au pacte tacite avec Joseph Kabila, en passant par les obscures manœuvres de Nairobi avec Vital Kamerhe, feint aujourd'hui d'oublier l'histoire immédiate. Il se place aux côtés de celui qui a trahi la cause de l'unité de l'opposition, qui a substitué aux principes le pragmatisme le plus cynique, et qui gouverne par décrets, par exclusions et par alliances éphémères, comme autant de rafistolages précaires sur un navire déjà à la dérive.

La vérité crue est que cette rencontre, aussi médiatisée fût-elle, ne changera rien à l'atmosphère délétère qui règne dans la sphère politique congolaise. Elle ne guérira ni les plaies communautaires, ni les blessures morales infligées à une société en quête de justice et de vérité. Elle constitue, au contraire, un épisode supplémentaire dans la grande tragi-comédie d'un pouvoir sans vision, et d'une opposition en perte d'âme.

Ce jeudi, sous les ors du Palais de la Nation, Félix Tshisekedi recevait Martin Fayulu dans une mise en scène savamment chorégraphiée

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Tshisekedi-Fayulu-ou-la-comedie-elevee-au-rang-de-cynisme-d-Etat.html

Enregistrer un commentaire

0Commentaires

Enregistrer un commentaire (0)