Constant Mutamba ou une ambition sans vertu #rwanda #RwOT

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Celui qui, il y a peu encore, se présentait comme un parangon de rigueur et de rectitude, n'est désormais plus que l'ombre déclinante d'une ambition mal canalisée, embourbée dans des pratiques opaques et des errements qui ternissent aussi bien sa personne que l'institution dont il a la garde. À en croire les éléments qui filtrent, le dossier Mutamba est d'une gravité telle qu'il défie à la fois le bon sens, la légalité et la morale publique.

Au cœur de ce scandale nauséabond : une passation de marché entachée d'irrégularités manifestes. Le contrat litigieux, antidaté autrement dit, frauduleusement falsifié, illustre une volonté manifeste de contourner les procédures légales les plus élémentaires. À cela s'ajoute un flou délibérément entretenu sur le montant total de l'opération, ce qui laisse supposer un système organisé de dissimulation et de prédation.

Mais le scandale ne s'arrête pas à l'aspect formel. L'entreprise bénéficiaire, dont les compétences techniques sont inexistantes ou gravement déficientes, a été sélectionnée en dehors de tout appel d'offres, au mépris des règles de concurrence et de transparence. Le comble de l'ignominie réside toutefois dans la nature des fonds détournés : il s'agirait, selon des sources concordantes, de sommes destinées à indemniser les victimes de la guerre de Kisangani, ces rescapés oubliés d'un conflit meurtrier dont les séquelles hantent encore les mémoires collectives.

Ce détournement, d'une cruauté presque cynique, ajoute l'indécence à l'illégalité.

Le tableau se noircit davantage lorsqu'on apprend que les comptes bancaires impliqués sont logés dans des institutions financières aux circuits opaques, et que l'avance sur fonds publics a été ordonnée de manière illégale, sans la moindre garantie réelle, ni justification foncière aucun terrain n'étant même prévu pour le projet prétendument financé.

À travers cet écheveau de manœuvres, Constant Mutamba donne à voir une facette peu reluisante de sa personne : celle d'un homme mû par une précipitation effrénée vers les honneurs, sans l'assise éthique ni la maturité institutionnelle requises pour en assumer la charge. Loin d'être le garant de la justice, il en apparaît désormais comme le fossoyeur silencieux, celui par qui le soupçon s'immisce au cœur du temple républicain du droit.

Il est navrant, pour ne pas dire tragique, que le ministère en charge de la justice cet organe cardinal dans toute architecture étatique digne de ce nom se trouve ainsi instrumentalisé, perverti par les turpitudes d'un individu pour qui la République semble n'être qu'un guichet à butin, et la magistrature suprême un simple marchepied vers l'enrichissement personnel.

En un mot comme en cent, Constant Mutamba n'a pas seulement failli à ses devoirs de ministre ; il a abîmé, par ses pratiques douteuses, la noblesse d'une fonction qui appelle à l'exemplarité, à la transparence et au service du bien commun. Ce faisant, il confirme une fois de plus ce sinistre constat : la République démocratique du Congo demeure, hélas, otage d'une élite politique trop souvent inféodée à la voracité, et trop rarement habitée par l'idée de servir.

Constant Mutamba appartient à cette catégorie d'hommes que l'ascension soudaine grise, que le pouvoir enivre, mais dont la conscience s'évapore à mesure que les responsabilités s'alourdissent

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Constant-Mutamba-ou-une-ambition-sans-vertu.html

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