La guerre destructrice entre la Russie et l'Ukraine #rwanda #RwOT

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Tel est le cas de l'incroyable offensive déclenchée le 1er juin 2025 par les services spéciaux ukrainiens, baptisée avec un certain sens de la dramaturgie " Toile d'araignée ". Cette action concertée, menée en profondeur sur le territoire de la Fédération de Russie, révèle un changement d'échelle autant qu'un changement de paradigme dans la conduite du conflit.

Sous l'égide du SBU, le Service de sécurité d'Ukraine, un essaim de drones kamikazes, au nombre sidérant de 117 appareils pilotés en mode FPV, a simultanément visé quatre bases aériennes russes, de Belaya en Sibérie jusqu'à Oleynya à proximité de la Finlande, en passant par Soltsy et Engels. Une cinquième cible, la base d'Ukrainka, située à plus de 6 000 kilomètres de Kiev, a échappé à l'attaque en raison d'un incident logistique : l'embrasement d'un camion transportant les drones camouflés.

Le fait militaire, s'il est spectaculaire, n'épuise pas la portée symbolique de cette opération. En parvenant à frapper des infrastructures sensibles situées à plusieurs milliers de kilomètres du front actif, Kiev vient briser le mythe de l'inaccessibilité du territoire russe, longtemps perçu comme un bastion inviolable en raison de son immensité géographique.

Selon le président Zelensky, les pertes infligées s'élèveraient à une trentaine de bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22M3, pour un coût estimé à sept milliards de dollars. Ce chiffre, bien que difficilement vérifiable, traduit un coup porté au prestige autant qu'à la capacité opérationnelle de l'aviation stratégique russe.

Ce raid d'envergure intervient dans un contexte de frappes intensifiées contre l'Ukraine : durant la nuit précédente, 472 drones et missiles balistiques russes s'étaient abattus sur le territoire ukrainien, dont près de 385 auraient été interceptés.

À l'évidence, l'opération " Toile d'araignée " se veut une riposte calculée, méthodiquement planifiée sur plus d'un an et demi, et conçue comme une démonstration de résilience et d'ingéniosité asymétrique.

Au-delà de la prouesse technologique, cette offensive questionne la viabilité à long terme du dispositif stratégique russe. Les bombardiers Tu-95, hérités de l'ère soviétique, ne sont plus produits depuis 1992. Leur maintenance repose sur une cannibalisation interne : les appareils endommagés servent de banque de pièces pour maintenir en état ceux encore opérationnels. Ainsi, toute perte est doublement coûteuse : elle affecte l'arsenal immédiat tout en appauvrissant la réserve logistique.

Moscou, fidèle à une posture de minimisation systématique, qualifie l'opération de " terroriste " et se garde bien de livrer un décompte précis des destructions. Mais au sein même des cercles d'analyse stratégique, certains reconnaissent que la profondeur du territoire russe, naguère gage de sécurité, se mue désormais en facteur de vulnérabilité. " L'impossibilité de contrôler la totalité du réseau routier rend chaque camion suspect, chaque hangar une menace potentielle ", observe un analyste de l'Université Lyon 3.

Si l'opération " Toile d'araignée " ne bouleverse pas encore le théâtre des affrontements terrestres, elle marque une inflexion majeure dans la guerre de la projection. Elle montre que la distance n'est plus un rempart, que la technologie transforme les lignes arrières en lignes de front, et que la Russie, malgré son gigantisme militaire, peut être atteinte au cœur de ses dispositifs les plus symboliques.

Le conflit russo-ukrainien, dans sa troisième année d'exacerbation, entre ainsi dans une nouvelle ère : celle d'une guerre profondément réticulaire, où le brouillage du front, la saturation du ciel et la mobilité furtive des essaims dronisés remettent en cause les fondements mêmes de la stratégie classique.

Une ère d'incertitudes, d'ingéniosités létales, et de contrepoids inattendus, où l'issue ne se dessinera plus nécessairement par la conquête de terres, mais par la maîtrise des espaces invisibles.

Certains éclats de guerre, sans changer le cours des combats, ébranlent les certitudes et sèment le doute sur la stabilité des équilibres établis

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-guerre-destructrice-entre-la-Russie-et-l-Ukraine.html

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