
En ce lieu chargé de résonances tragiques, les hommages se sont succédé, tissant le souvenir de ces existences fauchées dans la fleur de l'âge, victimes de l'abjection la plus indicible. Les orateurs, d'une voix voilée par l'émotion, ont exalté le courage et la dignité de ces disparus, rappelant à la conscience collective l'impératif de mémoire et de vigilance face aux résurgences de la haine.
Ainsi, cette commémoration s'est élevée au rang d'acte de résistance morale, un tribut silencieux et recueilli à la permanence de l'humanité au cur même des ténèbres.
' C'est dans le recueillement et la dignité que nous honorons aujourd'hui la mémoire des dix-sept agents de l'ambassade de France, sauvagement assassinés durant le génocide perpétré contre les tutsis au Rwanda en 1994. Leur souvenir, aussi douloureux qu'impérissable, s'inscrit dans la mémoire commune des tragédies humaines qui ne doivent jamais sombrer dans l'oubli. Il convoque à la fois le devoir de vérité, l'impératif de justice et l'exigence de mémoire' a dit en substance l'Ambassadeur Antoine Anfré.
Depuis l'avènement du Président Emmanuel Macron à la magistrature suprême, un souffle nouveau s'est levé sur le rapport complexe et tourmenté qu'entretenaient la France et le Rwanda depuis les heures sombres de 1994.
Refusant les silences coupables et les dénis commodes, le chef de l'État français a impulsé une dynamique politique inédite, fondée sur la lucidité historique et la sincérité diplomatique.
La remise en 2021 du rapport de la Commission Duclert, fruit d'un travail rigoureux et courageux, a constitué un acte majeur de ce processus. En levant un pan décisif du voile opaque qui recouvrait depuis trop longtemps les responsabilités et les manquements des autorités françaises de l'époque, ce rapport a ouvert la voie à une reconnaissance officielle des erreurs commises et des aveuglements consentis. Il a, dans le même mouvement, consacré la primauté du droit à la vérité sur les convenances d'État.
La visite historique du Président Macron au Mémorial de Gisozi à Kigali, et son discours empreint de gravité et d'humilité, ont marqué un tournant diplomatique salué à l'unisson.
Par cet acte, la France a su dire les mots qui apaisent sans jamais effacer, reconnaître sans renier, et tendre la main sans détour ni calcul. Ce geste, d'une portée mémorielle et politique considérable, a contribué à redonner souffle et substance à des relations bilatérales longtemps entravées par les non-dits et les blessures mal refermées.
Depuis lors, une coopération judiciaire renforcée s'est matérialisée avec une célérité inédite. La France n'est plus un sanctuaire pour les auteurs et les commanditaires du génocide contre les tutsi. Les procédures se multiplient, les poursuites s'accélèrent et la main inlassable de la justice s'attelle à traquer et juger ceux qui pensaient pouvoir échapper au tribunal de l'Histoire et au verdict des hommes. Car les crimes de génocide, imprescriptibles par nature et universels par leur horreur, commandent une réponse judiciaire ferme, indépendante et constante.
Au-delà de ces avancées judiciaires, c'est un partenariat fondé sur le respect mutuel, l'écoute réciproque et la convergence des intérêts stratégiques qui se dessine entre Paris et Kigali. Les deux nations ont su dépasser les rancurs et les malentendus pour bâtir un avenir commun inscrit sous le sceau de la coopération multiforme : en matière de sécurité, de développement économique, de francophonie rénovée et d'intégration régionale.
Ainsi se construit, sur les ruines du passé, un dialogue franc et exigeant où la vérité historique ne se négocie pas, mais se partage, et où les intérêts mutuels ne s'opposent plus aux principes fondamentaux.
La France et le Rwanda offrent aujourd'hui à l'Afrique et au monde un exemple de réconciliation diplomatique fondée non sur l'oubli, mais sur la reconnaissance et la volonté politique.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/La-France-et-le-Rwanda-a-l-epreuve-du-passe-pour-l-avenir-commun.html