
Pourtant, cette profession de foi, énoncée avec une emphase qui ne souffre d'aucune nuance, se heurte à une application pour le moins sélective lorsqu'il s'agit d'évaluer les situations respectives de l'Ukraine et de la République démocratique du Congo.
En effet, son discours, empreint d'un juridisme rigide et quasi dogmatique, élude avec une surprenante constance les contradictions inhérentes à la posture qu'il défend, notamment lorsqu'il ferme les yeux sur les violations manifestes et systématiques du droit international commises par le gouvernement congolais, qu'il soutient pourtant sans réserve.
"Faire respecter le droit international est notre seule boussole", martèle-t-il avec force. Or, une telle déclaration, à la résonance péremptoire, se trouve singulièrement affaiblie dès lors que l'on confronte cette affirmation aux réalités du terrain. Derrière cette rhétorique inflexible, Maxime Prévot semble, avec une habileté calculée, contourner les faits qui jettent une lumière crue sur l'ambivalence de sa diplomatie.
Se réfugiant dans un activisme effréné au sein des institutions européennes, il n'hésite pas à diluer la responsabilité propre de la Belgique en renvoyant la charge des décisions à l'ensemble des États membres de l'Union européenne : "Ce ne sont pas des mesures uniquement préconisées par la Belgique", se plaît-il à rappeler, comme pour mieux esquiver l'accusation d'une politique partisane.
Cependant, c'est sur le dossier hautement stratégique du protocole d'accord relatif aux minerais entre l'Union européenne et le Rwanda que l'incohérence de sa position éclate avec le plus d'acuité.
Plutôt que d'appréhender cette question sous l'angle des dynamiques complexes qui sous-tendent les flux de matières premières en Afrique centrale, il s'empresse d'assigner des intentions fallacieuses, invoquant une prétendue "mauvaise traçabilité" des ressources concernées.
Ce faisant, il se livre à une condamnation sans appel d'un État souverain tout en s'abstenant d'appliquer le même prisme critique aux nombreux manquements du gouvernement congolais. Une telle attitude ne relève pas d'un souci d'équité, mais bien d'une lecture partiale des enjeux diplomatiques en présence.
De surcroît, cette posture de zélateur intransigeant du droit international occulte des réalités d'une gravité incontestable : la prolifération incontrôlée de plus de 250 groupes armés en RDC, les connivences avérées entre les autorités de Kinshasa et les FDLR, la légitimation du mouvement des Wazalendo ainsi que le recours à des mercenaires étrangers.
A cela s'ajoute une rhétorique aux relents ethniques délétères, nourrissant une incitation explicite à la violence contre les tutsi congolais, sans qu'aucune réaction ferme ne vienne troubler l'indignation sélective du ministre.
Ce dernier demeure tout aussi silencieux face aux agissements de figures controversées telles que Justin Bitakwira, placé sous sanctions de l'Union européenne mais bénéficiant néanmoins d'un soutien financier en provenance des hautes sphères du pouvoir congolais pour alimenter un discours de haine.
Ainsi, l'attachement affiché aux principes du droit international, loin de constituer une boussole inébranlable, apparaît plutôt comme un instrument malléable, adapté aux circonstances et aux intérêts du moment. Cette diplomatie à géométrie variable, loin de garantir une quelconque impartialité, s'illustre par une indulgence notoire envers les agissements de Kinshasa, tandis qu'elle se fait implacable à l'égard de Kigali.
Cette dichotomie trouve d'ailleurs un écho dans un précédent diplomatique révélateur : il y a deux ans, la Belgique refusait d'accréditer l'ambassadeur rwandais Vincent Karega à la demande du gouvernement congolais, foulant ainsi aux pieds les principes mêmes du droit international qu'elle prétend défendre. Depuis lors, aucun ambassadeur n'a été nommé entre les deux pays, témoignant d'une impasse diplomatique manifeste.
Enfin, il est difficile d'ignorer l'histoire troublée que la Belgique entretient avec le Rwanda. Certains des réfugiés de 1959, poussés à l'exil sous l'instigation des autorités coloniales belges, sont aujourd'hui présents au Rwanda, rappelant avec insistance que la mémoire de cette période demeure un prisme incontournable pour comprendre les rapports actuels entre ces deux nations.
En définitive, la prétendue rigueur diplomatique de Maxime Prévot, loin d'être irréprochable, trahit une partialité manifeste qui ne peut que susciter l'interrogation sur les véritables fondements de son engagement international.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Une-indignation-selective-de-la-Belgique.html