
Lors d'une interview accordée à la Rwanda Broadcasting Agency, le ministre Nduhungirehe a expliqué que la rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique était le résultat des efforts répétés de Bruxelles pour imposer des sanctions internationales contre Kigali, l'accusant d'être impliqué dans la crise sécuritaire à l'est de la République démocratique du Congo.
Selon le chef de la diplomatie rwandaise, la Belgique a mené un intense lobbying auprès de l'Union européenne, de la Banque mondiale et des Nations unies afin de faire adopter des sanctions contre le Rwanda.
" La Belgique a une histoire dans cette région, et ce n'est pas une histoire positive. Elle a exercé des pressions au sein des principales organisations internationales pour obtenir des sanctions contre le Rwanda. Partout où elle va, elle plaide en ce sens, cherchant à rallier d'autres pays à son projet d'isolement du Rwanda ", a-t-il affirmé.
Le ministre a également souligné l'influence historique et diplomatique de la Belgique dans la région, rappelant que celle-ci disposait d'un département spécialisé dans les affaires régionales. Cette position lui confère un poids significatif dans les prises de décisions internationales, certains États accordant une grande crédibilité à ses rapports.
Olivier Nduhungirehe a par ailleurs révélé que la Belgique avait tenté d'exploiter le conflit entre la Russie et l'Ukraine pour convaincre d'autres nations d'imposer des sanctions contre le Rwanda.
" Ils ont soutenu que, puisque l'Europe avait sanctionné la Russie pour son invasion de l'Ukraine, elle devait en faire de même avec le Rwanda, accusé d'avoir envahi le Congo. La Belgique a activement défendu cette analogie, ce qui nous a conduits à prendre les mesures qui s'imposaient. Pourtant, parmi tous les pays du monde, la Belgique est sans doute le dernier à pouvoir donner des leçons sur les affaires de cette région ", a-t-il déclaré.
Le ministre des Affaires étrangères a fermement souligné que, compte tenu de son passé colonial dans la région, la Belgique n'était pas en position de donner des leçons en matière de politique régionale.
" En analysant l'histoire de la Belgique et en l'entendant aujourd'hui réclamer des sanctions contre le Rwanda, on réalise que, si elle en avait le pouvoir, elle nous priverait même du droit de respirer ", a-t-il ajouté.
Nduhungirehe a par ailleurs accusé Bruxelles d'avoir tenté d'interférer dans le soutien financier accordé par l'Union européenne aux opérations militaires rwandaises au Mozambique, menées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans la région.
Face à cette posture jugée inamicale, Kigali a pris la décision de rompre ses relations diplomatiques avec Bruxelles.
" Il est arrivé un moment où nous avons dû couper les liens, car nous ne pouvions plus entretenir des relations avec un pays dont l'agenda, clairement hostile, visait à obtenir des sanctions contre nous sur la scène internationale ", a expliqué le ministre.
Dans un premier temps, le Rwanda avait opté pour une suspension de sa coopération avec la Belgique, espérant un changement d'attitude. Cependant, Bruxelles est restée inflexible, allant jusqu'à faire adopter une résolution parlementaire appelant à des sanctions internationales contre Kigali.
Ces mesures comprenaient notamment la suspension des accords de coopération, y compris ceux conclus avec l'Union européenne dans les secteurs minier et économique, contribuant ainsi à l'aggravation des tensions entre les deux pays.
Malgré la rupture diplomatique, le ministre Nduhungirehe a accusé la Belgique de maintenir une attitude hostile à l'égard du Rwanda. Il a particulièrement dénoncé les récentes déclarations du ministre belge des Affaires étrangères, qui aurait reproché à Kigali "d'instrumentaliser l'histoire" pour éluder ses obligations en matière de respect du droit international et de souveraineté des États.
Nduhungirehe a fermement rejeté ces accusations, rappelant que la souveraineté du Rwanda avait été violée à de multiples reprises par des groupes armés tels que les FDLR, l'armée congolaise, le RUD Urunana et le FLN, soulignant que ces attaques, qui ont coûté de nombreuses vies, n'avaient jamais suscité la moindre condamnation de la part de la Belgique ni entraîné d'actions concrètes de sa part.

IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/Olivier-Nduhungirehe-denonce-l-acharnement-de-la-Belgique-contre-le-Rwanda.html