
En érigeant la riposte armée en pierre angulaire de sa stratégie, le pouvoir renonce, fût-ce tacitement, à la quête laborieuse mais essentielle d'une solution politique fondée sur le dialogue inclusif, la réconciliation communautaire et le traitement des fractures historiques qui alimentent la conflictualité. Cette logique belliciste, si elle peut paraître dictée par l'urgence, n'en trahit pas moins une vision réductrice du problème, réduisant la crise à sa seule expression militaire.
Dès lors, elle interroge tant sur sa viabilité que sur sa capacité à instaurer une paix durable, là où seule une approche globale, articulant sécurité, gouvernance et justice sociale, pourrait rompre le cycle infernal des violences et restaurer l'autorité de l'État sur ces territoires martyrisés.
En mobilisant des cabinets de lobbying américains et en monnayant l'accès aux minerais stratégiques du Congo contre un hypothétique soutien militaire et diplomatique des États-Unis, le chef de l'État congolais semble préconiser une escalade guerrière au détriment d'une solution durable.
D'après le journal Africa Confidentiel qui en fait la révélation, l'engagement de la RDC dans des contrats de lobbying à hauteur de plusieurs millions de dollars, dont celui de 1,4 million avec Aaron Poynton et de 925 000 dollars avec Mercury, traduit une dépendance accrue vis-à-vis d'intérêts étrangers qui ne s'inscrivent pas nécessairement dans une logique de stabilisation régionale.
Il est frappant de constater que cette initiative se déploie en parallèle d'une rhétorique belliciste visant à expulser le M23 et à affronter le Rwanda sur le terrain militaire, alors que les racines du conflit résident dans des dynamiques historiques et économiques profondes que seule une approche inclusive et concertée pourrait réellement adresser.
Ce troc implicite entre les ressources minières et l'appui stratégique de Washington traduit une logique marchande qui relègue au second plan la souveraineté nationale et l'intérêt des populations congolaises. En effet, l'offre d'accès aux minerais essentiels comme monnaie d'échange, au lieu de renforcer les capacités internes à exploiter ces richesses pour le développement national, inscrit la RDC dans une posture de dépendance structurelle vis-à-vis des puissances étrangères.
Cette démarche révèle un paradoxe fondamental : au lieu de chercher à se libérer des ingérences extérieures qui ont longtemps exploité les faiblesses institutionnelles du pays, le gouvernement congolais semble renforcer ces dynamiques en échange d'un soutien conjoncturel et incertain.
L'histoire contemporaine de la RDC regorge d'exemples où l'intervention militaire, sans réelle vision politique et économique à long terme, a conduit à l'enlisement plutôt qu'à la pacification. L'option militaire, qui paraît aujourd'hui être la pierre angulaire de la stratégie de Tshisekedi, n'a jamais porté ses fruits sans une réelle compréhension des facteurs sous-jacents du conflit, qu'il s'agisse des revendications communautaires, des enjeux identitaires , ou encore de la gestion opaque des ressources naturelles.
Ainsi, en faisant le choix d'une guerre à tout prix, le président congolais ne fait que perpétuer une spirale de violence qui risque de déstabiliser davantage la région et d'aggraver la précarité des populations de l'Est.
En lieu et place d'une surenchère militaire financée par des concessions minières qui hypothèquent l'avenir économique du pays, une politique plus avisée s'imposerait : un dialogue inclusif impliquant toutes les parties prenantes, un renforcement des institutions d'État pour garantir la transparence dans la gestion des ressources, et une stratégie diplomatique qui s'inscrit dans une dynamique régionale de coopération plutôt que d'affrontement.
L'histoire, dans sa rigueur implacable, démontre que les victoires arrachées sur le champ de bataille, lorsqu'elles ne s'appuient ni sur une architecture politique robuste ni sur une assise économique pérenne, ne sont que des triomphes illusoires, voués à l'effritement sous le poids des contradictions non résolues.
Privée d'une vision stratégique intégrant les impératifs de gouvernance, de développement et de cohésion nationale, toute entreprise militaire, fût-elle couronnée de succès à court terme, ne fait souvent qu'engendrer un équilibre précaire, où la pacification apparente masque les germes d'un chaos à venir.
Pire encore, ces victoires factices se paient au prix fort : désastre humain aux souffrances indicibles, effondrement institutionnel fragilisant l'édifice étatique, et résurgence inexorable des tensions qu'aucune force armée ne saurait annihiler durablement.
C'est là toute la leçon des annales guerrières : sans une refondation politique et économique en profondeur, la guerre ne scelle jamais la paix, elle ne fait que la différer.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Tshisekedi-brade-les-mines-de-la-RDC.html