
Les sanctions sont souvent imposées pour faire pression sur un pays en raison de son rôle dans des conflits ou de violations des droits humains. Cependant, les sanctions contre le Rwanda suscitent un débat, avec des opinions divergentes quant à leur légitimité et leur efficacité. Avant de se prononcer sur cette question, il est crucial d'examiner les causes sous-jacentes qui ont conduit à l'imposition de ces sanctions.
Les Causes des Sanctions
Les sanctions contre le Rwanda sont, pour une grande partie, liées à la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs, en particulier en RDC. Les rapports des Nations Unies ont souvent signalé la présence de groupes armés comme les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), responsables du génocide contre les Tutsis en 1994, ainsi que de l'armée rwandaise sur le sol congolais. Toutefois, une question fondamentale reste sans réponse : pourquoi ces deux armées, aux antécédents opposés, se trouveraient-elles présentes sur le sol de la RDC ?
Les Sous-Questions à Explorer
1. Y a-t-il des FDLR sur le sol de la RDC qui constituent un danger pour la sécurité du Rwanda ?
Les rapports des Nations Unies ont documenté à plusieurs reprises la présence des FDLR en RDC, un groupe lié au génocide de 1994 et qui représente une menace continue pour le Rwanda. Selon l'accord de Luanda, le gouvernement de Kinshasa semble tolérer, voire soutenir, cette présence. Le rapport du Groupe d'experts des Nations Unies souligne le soutien militaire et politique du gouvernement congolais au FDLR, qui constitue une menace directe pour la sécurité du Rwanda.
Ces dernier jours Le général Gakwerere Jean Baptiste des FDLR, membre du groupe présumé responsable du meurtre de Gicanda, la femme du Roi Kigeri, a été capturé par le M23 et transféré au Rwanda. Cette capture met en lumière l'infiltration profonde des FDLR sur le sol congolais, qui demeure une menace directe pour la sécurité du Rwanda.
2. Quelle est la cause profonde du conflit entre le M23 et la RDC ?
Le M23, un groupe rebelle composé principalement d'anciens membres du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple), est né en 2012 suite à la non-application d'accords de paix signés entre ce groupe et le gouvernement congolais en 2009. L'une des principales revendications du M23 reste l'implémentation des accords, notamment en ce qui concerne le retour des réfugiés et des déplacés internes. La non-application de ces accords a alimenté le mécontentement et l'émergence du M23.
3. Le Rwanda soutient-il le M23 ?
Le Rwanda nie toute implication dans le soutien au M23, arguant qu'il agit uniquement en légitime défense contre les FDLR, un groupe qu'il considère comme une menace terroriste. Les FDLR, responsable du génocide de 1994, sont toujours actif et bénéficient du soutien de certaines factions congolaises. Le Rwanda justifie son implication dans la région en tant que mesure de protection contre cette menace persistante.
4. Quel est le rôle de la MONUSCO ?
La MONUSCO, la mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC, joue un rôle complexe dans cette situation. Elle soutient les Forces armées de la RDC (FARDC) dans leur lutte contre des groupes armés comme le M23, mais cette alliance a des implications. Les FARDC, parfois en coalition avec des groupes tels que les FDLR, soulèvent des inquiétudes sur le fait que la MONUSCO, en soutenant les FARDC, pourrait, indirectement, soutenir les FDLR et donc mettre en danger la sécurité du Rwanda.
5. Que revendique la RDC ?
La RDC exige notamment le retrait des troupes rwandaises de son territoire, et le désarmement du M23. Cependant, le gouvernement congolais a, dans certains cas, été accusé de soutenir des groupes armés, y compris les FDLR, qui sont directement opposés aux intérêts de la sécurité rwandaise.
6. Comment cette situation est-elle interprétée par le droit international ?
Le droit international reconnaît la souveraineté de chaque État, mais oblige également les États à respecter leurs engagements internationaux. La RDC, bien qu'ayant signé des accords de non-agression avec le Rwanda, a échoué à les respecter. De plus, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, signée par la RDC, l'oblige à ne pas soutenir les génocidaires, ce qui pose la question de son rôle dans le soutien aux FDLR.
Les Sanctions Contre le Rwanda sont-elles Justifiées ?
À la lumière de l'analyse des questions soulevées, il semble que les sanctions contre le Rwanda ne soient pas entièrement justifiées. Le Rwanda, tout en étant accusé de soutenir des groupes rebelles, insiste sur la nécessité de se défendre contre des groupes armés génocidaires comme les FDLR, soutenus par le gouvernement congolais. De plus, la RDC elle-même n'a pas respecté ses engagements internationaux, notamment l'application des accords de paix signés avec le M23.
L'argument de la RDC sur le retrait des troupes rwandaises et le désarmement du M23 peut être vu comme une tentative de bénéficier des avantages du droit international sans honorer ses obligations. Le soutien implicite de la RDC aux FDLR, un groupe qui représente une menace directe pour le Rwanda, soulève également des questions sur la légitimité des sanctions.
Il est également important de noter que les sanctions imposées au Rwanda semblent être davantage motivées par des intérêts géopolitiques et économiques, y compris des questions liées aux ressources naturelles, qu'à une réelle volonté de maintenir la paix dans la région.
Les sanctions imposées au Rwanda ne semblent pas être basées sur une analyse juridique et objective de la situation, mais plutôt sur des considérations politiques et économiques. En l'absence d'une approche cohérente et impartiale, il est difficile de justifier ces sanctions. Le Rwanda, qui agit principalement en défense de sa sécurité nationale face à des groupes génocidaires, semble avoir été injustement pris pour cible.
En définitive, ces sanctions ne sont pas justifiées et ne contribuent pas à résoudre les véritables problèmes de sécurité dans la région des Grands Lacs.

Mukamuligo Beatrice
Source : https://fr.igihe.com/Les-sanctions-contre-le-Rwanda-sont-elles-justifiees.html