
Alors qu'il s'adressait à une congrégation à l'église Vision de Jésus-Christ, ce 16 mars 2025, Ndayishimiye a ravivé les tensions en accusant le Rwanda d'être à l'origine des divisions ethniques au Burundi depuis 1959 et en République démocratique du Congo depuis 1996.
"Le Burundi a connu des troubles en 1959 en raison des événements survenus au Rwanda. De même, les Congolais ont été confrontés à des crises après 1996 à cause de ce qui s'est passé au Rwanda. Nos pays doivent-ils continuer à souffrir de problèmes dont l'origine remonte au Rwanda ?" a-t-il lancé.
"Qu'ils règlent leurs propres problèmes et qu'ils restent en dehors des nôtres. Ici, au Burundi, il n'y a ni Hutu ni Tutsi, nous sommes simplement des Burundais. S'ils choisissent de gouverner en fonction de l'ethnicité, c'est leur affaire," a-t-il ajouté.
Bien que Ndayishimiye affirme que le Burundi ne fait aucune distinction entre Hutu et Tutsi, il est accusé de collaborer avec l'armée congolaise, les Wazalendo et le groupe terroriste FDLR â" constitué des responsables du génocide contre les Tutsi en 1994 au Rwanda â" dans le but de cibler les Tutsi congolais.
Le dirigeant burundais a assuré que son pays se trouve en position de force, affirmant que "le monde s'est réveillé" et qu'il ne se laissera plus tromper par les rumeurs, mais observera plutôt les réalités sur le terrain en RDC, confiant à la congrégation que la crise actuelle pourrait être résolue avant la fin de la période de jeûne de 40 jours.
Réitérant ses accusations concernant un prétendu projet d'invasion rwandaise, il en a rejeté la possibilité, affirmant que le Burundi dispose de forces militaires visibles et invisibles. En s'appuyant sur des références bibliques, il a souligné la protection divine de son pays.
"L'idée que le Rwanda puisse envahir le Burundi est complètement absurde. J'entends certains dire : 'Le Rwanda a une armée puissante.' Eh bien, s'ils savaient les forces que je possède... Comment pourraient-ils le savoir, à moins de recevoir une révélation divine ? Le Burundi dispose d'une armée, visible et invisible. Il est bien protégé," a-t-il déclaré.
Ndayishimiye a également affirmé qu'en juin et juillet 2024, Dieu avait protégé le Burundi contre une grande menace, précisant que, selon "les plans de l'ennemi", son gouvernement ne devait pas survivre au-delà d'octobre de cette même année.
En janvier et février 2025, il avait lancé de lourdes accusations contre le Rwanda, l'accusant de préparer une invasion du Burundi. Toutefois, son discours s'est modéré après des discussions avec "les nations amies du Rwanda".
Le 27 février dernier, lors d'une rencontre avec des diplomates au Burundi, Ndayishimiye avait réaffirmé sa volonté de dialoguer avec le Rwanda, évoquant les efforts engagés en 2020 pour résoudre les différends existants.
"Afin d'éviter une guerre entre nos deux pays, nous nous engageons à résoudre les conflits par des moyens pacifiques. C'est ce que nous faisons depuis 2020, lorsque le Burundi a initié des discussions avec le Rwanda. À ce jour, le Burundi reste ouvert au dialogue avec le Rwanda pour régler nos différends," a-t-il déclaré.
La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, l'ambassadeur Olivier Nduhungirehe, a confirmé que les dirigeants des deux pays se sont engagés dans des négociations visant à apaiser les tensions.
"Le Rwanda et le Burundi font des progrès significatifs vers la fin des hostilités et la conclusion d'un accord, alors que les discussions entre leurs dirigeants se poursuivent," a déclaré le ministre Nduhungirehe.
Ses propos ont laissé entendre que, si un accord était conclu, le Burundi pourrait rouvrir ses frontières avec le Rwanda, qu'il avait fermées depuis janvier 2024, après avoir accusé ce dernier de soutenir le groupe armé RED Tabara, des allégations que le Rwanda a systématiquement rejetées.

IGIHE
Source : https://fr.igihe.com/Evariste-Ndayishimiye-reprend-sa-guerre-des-mots-contre-le-Rwanda.html