Dès les premières lignes, Butera retrace le chemin tragique qu'il a emprunté depuis 1994, évoquant la perte de ses proches et sa quête désespérée de sens dans un monde qui semble avoir oublié ou choisi d'ignorer les horreurs du génocide contre les Tutsi. Cette métaphore puissante de " un arbre dépourvu de racines et de branches " résume à elle seule l'état d'esprit des survivants : déracinés, désespérés, mais fermement déterminés à vivre.
L'auteur exprime son dégoût face aux discours des négationnistes, et en particulier, il s'adresse directement à Charles Onana. À travers un réquisitoire franc, Butera dépeint Onana comme un protagoniste du déni, responsable d'un mal supplémentaire infligé aux victimes du génocide. L'indignation palpable dans ses mots révèle à quel point la manipulation de la vérité historique peut infliger des blessures profondes et persistantes. Pour Butera, il n'y a pas de distinction entre un génocidaire et un négationniste : tous deux perpétuent la douleur des survivants en minimisant ou en niant les atrocités vécues lors du génocide contre les Tutsi.
La force du texte réside également dans son appel à la responsabilité collective . Butera s'adresse à la société dans son ensemble, mais, plus spécifiquement, à ceux qui choisissent de détourner les faits historiques pour servir leurs intérêts égoïstes, les avertissant : leurs actions ne sont pas sans conséquences. Le ton est ferme, presque prophétique, en décrivant comment les carrières basées sur le mensonge s'effondreront un jour.
L'ultime cloche de l'exclamation "Coupable !" à la fin de l'article constitue un moment cathartique, tant pour l'auteur que pour les lecteurs. Butera invite les survivants à ne pas laisser le passé s'évanouir dans les ténèbres du déni, mais plutôt à le revendiquer, à rester vigilants et à garder vivante la mémoire de ceux qui ont été tués durant le génocide contre les Tutsi.
Le texte est à la fois une déclaration personnelle et un cri de ralliement pour tous les survivants de cette tragédie. Il rappelle que le chemin vers la guérison n'est pas seulement individuel, mais également collectif : la société doit affronter ses démons et reconnaître l'inacceptable.
En somme, "La parole d'un survivant" de Charles Butera n'est pas seulement un récit de survie, mais une puissante affirmation du droit à la vérité et à la mémoire. À l'heure où la désinformation prolifère, un tel témoignage est plus nécessaire que jamais. Pour que l'histoire ne se répète pas, il est impératif de l'honorer et de lui donner la place qu'elle mérite dans le discours public. La dignité des victimes du génocide contre les Tutsi ne doit pas s'effacer derrière le bruit du négationnisme. Au contraire, elle doit résonner comme un appel à l'action, à la réflexion et à la justice.
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Karirima Aimable Ngarambe