Ce simple accès, en apparence anodin, prend dans le contexte congolais une dimension tragiquement symbolique : depuis plusieurs années, les Banyamulenge étaient contraints de soigner leurs malades à domicile, craignant les arrestations arbitraires par les forces Wazalendo et les FARDC dès qu'ils tentaient de se déplacer dans l'espace urbain.
Cette situation, reflet d'un ostracisme institutionnalisé, exposait la population à une insécurité sanitaire et matérielle extrême, exacerbée par la collusion de l'État congolais avec son allié burundais, qui a contribué à transformer Minembwe en véritable enclave assiégée.
La levée quasi mécanique du blocus de Minembwe, orchestrée par l'action déterminée et musclée de l'AFC/M23, illustre de façon spectaculaire l'incapacité ou la désinvolture des institutions nationales et internationales à protéger une population civile en détresse.
Alors que l'ONU se montre souvent impuissante face à ces crises, l'AFC/M23 en assumant un rôle que les autorités légitimes auraient dû tenir, a permis un accès immédiat aux biens de première nécessité et aux soins médicaux, sauvant ainsi des vies et rétablissant un minimum de dignité à une communauté persécutée par son propre gouvernement.
Minembwe et Srebrenica : une comparaison tragique
L'histoire de Minembwe, dans sa dimension dramatique, présente des similitudes inquiétantes avec celle de Srebrenica en 1995. Dans les deux cas, une communauté ethnique spécifique fut isolée et privée de protections élémentaires, tandis que les autorités nationales ou internationales, malgré la connaissance de la menace, restaient en grande partie passives ou incapables d'agir efficacement.
A Srebrenica, le siège des Nations unies et la passivité des forces de maintien de la paix ont conduit au massacre systématique des hommes et garçons bosniaques, une tragédie qualifiée de génocide par la jurisprudence internationale.
A Minembwe, ou les conséquences ont atteint l'ampleur d'un massacre planifié, le blocus imposé par l'État congolais et son allié burundais, dénoncé comme un acte de persécution sévère, révèle la même dynamique de mise en danger systématique d'une population ciblée pour des motifs identitaires.
Dans les deux contextes, on observe une marginalisation ethno-politique, un isolement géographique imposé et une vulnérabilité extrême face à la violence institutionnelle ou militaire. La résilience des Banyamulenge, renforcée par l'action de l'AFC/M23, contraste avec l'impuissance tragique de Srebrenica, mais elle souligne également l'inertie dramatique des acteurs internationaux qui, face aux cris et à la détresse des populations, demeurent souvent spectateurs plutôt qu'acteurs de protection.
Leçons et implications pour la communauté internationale
L'épisode de Minembwe invite à une réflexion profonde sur les responsabilités des États et des institutions internationales dans la prévention de la persécution ethnique et la protection des civils. Le parallèle avec Srebrenica n'est pas seulement historique, il constitue un avertissement : l'inaction, ou la lenteur des réponses institutionnelles, peut transformer un blocus ou une persécution ciblée en catastrophe humanitaire aux conséquences irréversibles.
Il apparaît ainsi que le recours à des acteurs non étatiques, comme l'AFC/M23 dans ce contexte, devient paradoxalement nécessaire pour garantir l'accès aux droits fondamentaux sécurité, alimentation, soins médicaux à une population que son propre gouvernement persécute.
Ce constat, bien que troublant, met en lumière l'échec persistant de la communauté internationale à s'adapter aux crises et aux dynamiques locales de violence et souligne l'urgence de mécanismes de protection efficaces, rapides et impartiaux, pour éviter que Minembwe ne bascule vers une tragédie comparable à celle de Srebrenica.
La levée récente du blocus de Minembwe par l'AFC/M23 n'est pas seulement un événement local, mais un rappel dramatique des responsabilités historiques et éthiques de l'État et de la communauté internationale.
La situation révèle, avec une acuité tragique, combien une population ciblée peut devenir vulnérable face à la négligence institutionnelle et aux alliances géopolitiques biaisées.
La comparaison avec Srebrenica rappelle que l'histoire, lorsqu'elle est muette ou passive, peut se répéter sous des formes différentes, et que seule une action résolue, éclairée et protectrice peut empêcher que des cris de détresse similaires ne se muent en catastrophe irréversible. Minembwe, aujourd'hui, est à la fois le théâtre de la résilience des Banyamulenge et le miroir des échecs collectifs de la gouvernance et de la diplomatie internationales.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Minembwe-et-la-resilience-des-Banyamulenge-face-au-blocus.html