La République des soupçons ou l'anatomie d'une paranoïa d'Etat #rwanda #RwOT

webrwanda
0

Entre règlements de comptes, trahisons intimes et allégeances incertaines, le sommet de l'État donne l'image inquiétante d'un navire qui tangue, sans boussole ni capitaine véritable.

Dans les couloirs du palais présidentiel, les chuchotements remplacent les ordres, les confidences deviennent des armes, et les fidélités d'hier se muent en menaces potentielles.

La Direction du renseignement militaire (ex-DEMIAP) vient d'y ajouter une pièce capitale : un rapport explosif daté du 6 octobre 2025, confirmant l'implication présumée de trois hauts gradés : les généraux Christian Tshiwewe, Franck Buamunda Ntumba et Benjamin Katende, dans un mouvement subversif destiné à renverser le président Félix Tshisekedi.

Faits d'autant plus graves qu'ils touchent le cœur même du système sécuritaire. Les membres de la Garde républicaine affectés à leur protection ont été purement et simplement exclus du corps, livrés à la justice militaire, symbole éclatant d'une défiance qui gagne jusqu'aux derniers bastions du régime.

Depuis l'éviction brutale de François Beya, conseiller spécial en matière de sécurité, écarté pour des vétilles dans un climat de méfiance généralisée, la présidence vit au rythme des rumeurs et des soubresauts d'appareil.

À force de crier au loup, le pouvoir finit par l'inviter. Le spectre de la conjuration hante les nuits du palais, et l'ombre des traîtres imaginaires étouffe la lucidité du chef de l'État. Cette paranoïa rampante, devenue doctrine de gouvernement, accouche d'un monstre : un système où tout effraie, où tout suspecte, où les alliances s'effritent dans la peur, et où les ambitions se nourrissent du désordre.

Kinshasa vit aujourd'hui sous tension, entre la panique et la duplicité. La cour présidentielle ressemble à une tragédie où chacun joue un rôle incertain, entre fidélité simulée et trahison programmée.

Les intrigues se multiplient, les confidences se monnayent, les silences s'achètent. Le pouvoir, cerné par sa propre insécurité, s'enferme dans la défiance et sacrifie la stabilité sur l'autel du soupçon.

Le risque, désormais, n'est plus seulement celui d'un putsch : c'est celui d'un effondrement intérieur, moral et institutionnel, né de la peur de tout et de tous.
A ce stade, la République ne vacille pas tant sous la menace d'un ennemi invisible que sous le poids d'une peur devenue système. Et quand la peur gouverne, c'est toujours la raison qui abdique la première.

La RDC s'enfonce chaque jour davantage dans une atmosphère délétère où la suspicion a supplanté la raison, et où le pouvoir est désormais gouverné par la peur

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-Republique-des-soupcons-ou-l-anatomie-d-une-paranoia-d-Etat.html

Enregistrer un commentaire

0Commentaires

Enregistrer un commentaire (0)