Selon des sources militaires relayées par Radio Okapi, son départ, survenu aux environs de trois heures du matin, reste enveloppé de mystère quant à sa destination réelle.
Dans l'après-midi, une activité partielle reprenait timidement : transports en commun circulant à nouveau, boutiques rouvertes, mais derrière ce semblant de normalité subsistait une tension sourde, révélatrice d'un ordre social profondément ébranlé.
Ce départ spectaculaire s'inscrit dans un contexte de fracture et de défiance croissante. Dès le lundi précédent, la société civile d'Uvira avait organisé une manifestation pacifique, réclamant le départ immédiat du général Gasita, récemment affecté à la 33ᵉ région militaire. L'appel, lancé sous le sceau de la non-violence, avait été violemment réprimé par les forces de l'ordre, cristallisant un ressentiment déjà puissant.
Depuis une semaine, la population d'Uvira manifeste son rejet de l'autorité militaire, accusant le général Gasita d'avoir facilité la prise de Bukavu par les rebelles de l'AFC/M23. En première ligne de cette contestation se trouvent les miliciens Wazalendo, dont la légitimation par le pouvoir de Tshisekedi apparaît aujourd'hui comme une erreur stratégique aux conséquences désastreuses.
Cette séquence tragique illustre avec une acuité cruelle la dynamique d'un pouvoir qui se retourne contre lui-même. En légalisant les Wazalendo et en nourrissant des discours de haine et de division, le président Tshisekedi a engendré des forces incontrôlables, des " monstres " institutionnels capables de dicter l'ordre sur le terrain et de contraindre l'autorité étatique à la fuite.
Le départ du général Gasita n'est donc pas un simple mouvement de commandement, mais l'illustration manifeste de l'effritement de l'autorité présidentielle et de la faillite d'une stratégie politique qui, en voulant instrumentaliser la haine, a semé la révolte et le chaos.
À Uvira, le symbole est saisissant : le pouvoir officiel se voit renversé par les instruments qu'il avait lui-même créés. Le président Tshisekedi découvre, dans cette débâcle locale, l'amère réalité de ses propres contradictions, offrant au pays une leçon tragique sur les limites de la manipulation et du calcul stratégique au détriment de la légitimité et de l'ordre public.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/Tshisekedi-defait-face-aux-Wazalendo-a-Uvira.html
