
Jean-Marc Kabund, qui fut l'un des architectes de cette ascension improbable, rappelle avec un accent de vérité blessée l'ampleur de ces reniements. L'homme qui incarnait l'espoir du changement a, selon lui, foulé aux pieds ses engagements les plus solennels.
Aux promesses de justice, de démocratie et de prospérité ont succédé des pratiques de répression, de corruption a grande échelle, de clientélisme et de mépris. La reconnaissance due à ses compagnons d'hier s'est transformée en suspicion, en marginalisation, voire en persécution. Kabund, jadis allié fidèle, en sait quelque chose : il fut récompensé de sa loyauté par l'ingratitude la plus brutale, croupissant en prison pour avoir osé dénoncer les dérives du régime.
Un régime au bord du gouffre
Le constat dressé par Kabund est sans concession. La gouvernance de Tshisekedi s'est enlisée dans des travers que l'histoire congolaise connaît trop bien : le culte du pouvoir personnel, l'instrumentalisation de la justice et l'érosion des libertés fondamentales. Les opposants sont acculés, traînés devant des tribunaux dociles, quand ils ne sont pas frappés de destins tragiques, à l'image du député et ancien ministre Chérubin Okende, dont l'assassinat hante encore la mémoire collective comme une blessure ouverte.
À cette répression politique s'ajoute la faillite sécuritaire. Le pays demeure englué dans une guerre qu'aucun horizon de victoire ne semble offrir au chef de l'État. Les provinces meurtries de l'Est s'enfoncent chaque jour davantage dans la spirale de la violence, révélant l'impuissance d'un pouvoir central qui, malgré sa rhétorique martiale, n'a su ni protéger ses citoyens ni restaurer l'autorité de l'État.
Pour Kabund, cette guerre que Tshisekedi prétend mener ne sera jamais gagnée, car elle s'appuie sur des artifices diplomatiques et des postures militaires sans vision ni cohérence.
Enfin, l'échec est également économique et social. La République démocratique du Congo, pourtant dotée de richesses incommensurables, demeure prisonnière d'une pauvreté endémique, d'une corruption tentaculaire et d'un désespoir social qui frôle l'explosion.
Les prix flambent, le chômage ronge la jeunesse, et les inégalités se creusent, réduisant à néant les illusions d'une " prospérité partagée " si souvent brandie dans les discours officiels.
C'est ici que la prophétie de Kabund prend toute sa force : " la chute du régime Tshisekedi est inscrite dans l'ordre inévitable de l'histoire ". Une telle affirmation ne relève ni de la simple animosité personnelle, ni d'une revanche politique ; elle s'inscrit dans une lecture plus large des dynamiques de pouvoir.
L'histoire, en effet, se montre implacable avec les gouvernances fondées sur la duplicité, la répression et le mépris des aspirations populaires. Les régimes qui trahissent leur promesse initiale de renouveau portent en eux-mêmes le germe de leur propre destruction.
Selon Kabund, cette fin ne sera pas graduelle ni pacifique. Elle surgira avec la brutalité des effondrements qui marquent la fin des régimes bâtis sur le mensonge et l'injustice. Comme tout pouvoir qui s'entête à confondre autorité et tyrannie, le régime actuel s'expose à une rupture violente, douloureuse, mais inévitable.
Le peuple, trompé et humilié, finit toujours par se dresser, et ce réveil, lorsqu'il survient, balaie d'un seul coup les illusions d'un pouvoir qui se croyait indestructible.
Ainsi parle un vétéran aguerri de la scène congolaise, témoin d'une trajectoire aussi paradoxale que cruelle : celle d'un président porté au pinacle par la fidélité de ses compagnons, mais qui choisit de briser un à un les piliers de son propre édifice. L'avertissement de Kabund sonne comme une sentence : la fin d'un cycle est proche, et son dénouement, inexorable, marquera l'Histoire congolaise d'une empreinte indélébile.

Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/L-ineluctable-effondrement-de-Felix-Tshisekedi-selon-Kabund.html