La République du vacarme et l'effritement du débat public #rwanda #RwOT

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Faute de débat serein, la société congolaise s'est inventé un récit cacophonique, fait d'imprécations partisanes et de polémiques de surface. Chaque jour, devant le siège de l'UDPS, se tiennent des joutes oratoires d'un pathétique désarmant, des matinées politiques vidées de substance, où la réflexion s'efface derrière la répétition mécanique de slogans convenus.

Ce rétrécissement intellectuel de l'espace politique constitue l'un des symptômes les plus préoccupants d'une démocratie réduite à une gesticulation.

L'émergence d'une fronde institutionnelle

À ce spectacle d'improvisation permanente s'ajoute aujourd'hui une crise institutionnelle rampante. Dans les couloirs feutrés du Sénat, une fronde silencieuse se cristallise contre le Bureau conduit par Jean-Michel Sama Lukonde. Les griefs sont multiples : dégradation des conditions de travail, non-respect des avantages acquis, en particulier les soins médicaux et mépris affiché pour la dignité institutionnelle des élus.

En réaction, une pétition discrète circule déjà, et aurait recueilli près d'une cinquantaine de signatures. Ce texte, porté par une majorité irritée, pourrait être dévoilé lors de la rentrée parlementaire de septembre, ouvrant ainsi la voie à une recomposition du Bureau sénatorial.

Simultanément, l'Assemblée nationale s'enfonce elle aussi dans la tourmente. Des informations concordantes font état de distributions d'enveloppes de dollars destinées à acheter les consciences de députés, en vue de préparer la destitution de Vital Kamerhe, président de la Chambre basse.

La manœuvre, conduite dans les arcanes de l'exécutif, illustre la dérive clientéliste et le cynisme d'une classe politique pour laquelle les institutions ne sont plus des piliers de la République, mais des instruments de transaction et de survie.

L'Union sacrée en lambeaux

Ces convulsions traduisent une fébrilité croissante au sein de l'Union sacrée, coalition déjà morcelée, dont les grandes figures, lassées par l'exercice solitaire et autoritaire du pouvoir présidentiel, désertent peu à peu le navire.

Derrière la façade d'unité, se dessine en réalité une crise profonde, nourrie par la dérive d'un tribalisme institutionnalisé qui fragilise les équilibres internes et alimente les ressentiments. L'incapacité à instaurer un véritable dialogue, la confiscation de l'espace public et la fragmentation des alliances témoignent d'un pouvoir en perte de légitimité, davantage préoccupé par la préservation de ses intérêts que par la construction d'un État de droit authentique.

Ainsi, le spectacle offert aujourd'hui par la classe politique congolaise est celui d'une République où les institutions chancellent sous le poids des calculs partisans, où la corruption se mue en méthode de gouvernance, et où la voix des citoyens est étouffée par le vacarme stérile d'un débat public vidé de son essence.

En RDC, l'espace public n'est plus un lieu de débat, mais un théâtre d'ombres fait de rumeurs et d'invectives

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/La-Republique-du-vacarme-et-l-effritement-du-debat-public.html

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